Climatographie : le boxeur prépare le KO !

Pour une fois ils ont raison tous les deux, Emmanuel Macron et Marine Le Pen. Dans les violences verbales qu’ils ont échangées, « climato sceptique » et « climato hypocrite », il y a certainement une bonne part de vérité.

Par contre, dans une caricature du journal britannique, Economist, qui remonte à mai 2020, il me semble qu’il y a un mensonge involontaire. Certes, la Covid 19 est en train de perdre le combat contre la Terre, par chao à cause de la vaccination. En revanche, le 3ème boxeur, le changement climatique, lui, est déjà sur le ring depuis le début de la ‘révolution industrielle’.  Et depuis, il boxe et frappe de plus en plus fort ; et aucun vaccin ne l’arrêtera.

Seulement, il mène un combat d’usure contre notre planète, le KO viendra par la suite ; et assez rapidement si nous continuons à émettre autant de gaz à effet de serre (GES).

Paradoxalement, l’Afrique reçoit les coups les plus durs, bien que les pays du Continent noir comptent parmi les moins pollueurs. Selon les prévisions du GIEC (Groupe intergouvernemental sur le suivi de l'environnement), la température y augmentera de 5⁰ C en moyenne d'ici la fin du siècle.

La tendance du réchauffement climatique est difficilement réversible. Depuis quatre décennies, seules trois crises mondiales ont légèrement fait fléchir momentanément la courbe des émissions du CO2, le principal GEZ : l’éclatement de l’URSS en 1991, la crise financière de 2008 et la Covid 19 en 2019.

Pour autant, une crise mondiale n’engendre pas forcément un ralentissement du rythme du réchauffement climatique causé par l’homme.

En effet, on ne sait pas vraiment quels seront les impacts environnementaux de la guerre de l’Ukraine et ses répercutions mondiales dans ce domaine. Il y a effectivement pas mal d’interrogations à ce sujet du fait de la forte demande sur les énergies fossiles. Notamment au sujet des nouvelles impulsions données à l’exploitation du charbon et du gaz de schiste.

Il est à craindre que les incertitudes à ce propos n’aggravent les dégâts que subit déjà notre planète à cause des cataclysmes et actions destructrices de l’homme.

Cela est d’autant plus préoccupant que les mouvements d’extrême droite, connus par leur climato scepticisme, gagnent sans cesse du terrain à travers le monde, et ce dans un contexte d’évolution démographique défavorable du point de vue de la sécurité environnementale. Une dynamique démographique caractérisée par  une pression de plus en plus insoutenable sur les ressources naturelles, notamment sur les ressources hydriques qui se raréfient continuellement. Le débit du fleuve Sénégal, par exemple, a quasiment baissé de moitié en 63 ans, passant de 1200 m3/s en 1950 à un peu plus de 600 3/s en 2013. A ce rythme, appelé à s'accélérer sous la pression des sécheresses à répétition et des consommateurs dont le nombre augmente de manière exponentielle, sous quelle forme le fleuve existera-t-il dans les six ou dix décennies prochaines ?

C’est dire que les perspectives de la lutte contre le changement climatique paraissent pour le moins assez sombres.

Il ne faut toutefois pas baisser les bras. Il y a quelque part des lueurs d’espoir. Suivons les voies qui y mènent. Agissons vite et fort. Autrement, c'est le KO qui nous guette. Et au rythme actuel du dérèglement climatique, nous n'en sommes pas trop loin.

Colonel (e/r) El Boukhary Mohamed Mouemel

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