Il y a, dans l'écriture, comme un silence.
L'écriture qui ne serait que silences, comme un renoncement de soi, à soi, du monde, des autres, des pensées...Annihiler la pensée, ce fatras qui cogne le cerveau et qui, contradictoire, rend l'écriture possible.
Poser le mot, le poser ultime. Et à partir de cet ultime, encore un mot, un autre mot ultime...De derniers mots en derniers mots, pensée inversée.
Délimiter ce qui ne l'est pas pensent certains.
Non.
Ecrire c'est l'océan, c'est liquide. Accepter cet infini fait d'eau, de vagues, d'abysses, de lumières, d'obscurité. Les grands fonds quand on s'efface.
Mise à distance de soi...
Poser l'écriture comme une langue, particulière, secrète, cabalistique, signes et percepts, affects.
Pour écrire accepter que rien ne soit...
Et la solitude, absolue, celle qui donne une texture à ce silence qu'est l'écriture.
Il y aurait un mot premier et un mot ultime. Là, en filigrane de cette langue des grands fonds qu'est l'écriture.
Que faisons-nous en écrivant, si ce n'est chercher ces deux mots, derniers mots après derniers mots, retours et départs ?
L'écriture tangue. L'écrivain devient marin, arpenteur des infinis, courant après les horizons qu'il entend, qu'il perçoit.
Il n'y a pas de ports dans l'écriture, il y a juste des escales, celles du questionnement, des hypothèses, des réponses imparfaites.
Des escales où, malgré nous, le soi devient mémoire, dissonance.
On n'écrit pas pour se débarrasser, on écrit pour s'assembler, se désassembler, expiation à l'envers, douloureuse mais vitale.
Oui, c'est ça, expiation...Expiation et rédemption. Le grand foutoir de l'intellect, le cirque du monde quand ne nous sont nécessaires que le silence et la solitude.
Penser, ne pas penser, écrire, ne pas écrire, être, n'être, n'appartenir, appartenir, inspirer, expirer.
Ecriture de la verticalité pour redevenir horizontalité...
La minuscule de nos vies tramée en majuscule de solitudes et de silences.
Et, toujours, cet entre-deux, cet entre-îles, cet entre-respiration, qui se fait lien et infini.
L'écriture c'est l'Atlantide.
Mariem Mint Derwiche
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