Feu Ahmedou Ould Abdel Aziz a été salué à sa dernière demeure par les émotions et les larmes populaires, toujours sincères en pareille occasion. Mais telle est la vie : elle réchauffe et refroidit, se calme puis s’agite, éphémère ou relativement longue, et dont la seule certitude qu’elle a malheureusement une fin. Mais reste inscrit en lettres d’or pour la postérité, cet exemple sublime qu’il a incarné pour le peuple, celui du parcours de grandes figures qui, par leur vision, leur volonté et leurs actions, ont imprimé à la marche de leur pays un sens, une signification, une orientation. Un exemple devenu de nos jours denrée rare, celui d’une vie entièrement consacrée pour une noble cause qui a pour nom une triptyque : justice - fraternité - solidarité.
Il a évité pour cela la grande tentation de cette génération montante dont il fait partie : les réseaux virtuels et l’individualité nue dans lesquels elle est plongée ; une génération qui habite chroniquement le virtuel, qui ne parle plus le langage de leurs proches, impassible aux problèmes de leurs concitoyens, détachée de la famille, de la société, emportée par le vertige de l’irréel , par la fascination béate de l’imaginaire, et dont la seule occupation est de pianoter à longueur de journée sur leurs téléphones et leurs portables.
Il a également évité la grande tentation de notre époque : La politique, avec ses détours, ses ruses, ses combines, ses habiletés maladroites, ses servitudes, ses turpitudes, « la grandeur des principes et la laideur de la pratique », et qui ne parvient que très rarement à l’essentiel, le service d’autrui. Le service d’autrui précisément, cette vertu orpheline de nos jours, qui a été son unique préoccupation, son seul crédo, loin de la recherche effrénée du lucre et des jouissances matérielles personnelles, du tapage publicitaire, du relâchement du culte et de la foi. Au contraire, un service d’autrui qu’illustrent éloquemment les œuvres de bienfaisance au profit des franges les plus démunies sur toute l’étendue du pays. Car il n’y a pas de grandeur humaine, plus que celle qui exprime une solidarité agissante, une générosité désintéressée envers un malade pour le soulager, un démuni pour l’aider, une population touchée pour la réconforter.
C’est cette éthique de conviction profonde qui a été le fondement moral de son action noble et pérenne ; une action humaniste qui est un exemple à suivre pour les jeunes, les intellectuels, qui doivent inscrire dorénavant leurs actions dans le sillon de pensée qu’il a magistralement entamé. Un exemple qui a suscité spontanément la grande admiration du peuple mauritanien et qui restera gravée dans sa mémoire collective et dans son Histoire. Et ce n’est pas si peu.
Docteur Abdallahi Ould Nem
