Le ministre mauritanien de la santé est sur tous les fronts de la lutte contre le Coronavirus. Toujours sur les premières lignes, sa dernière bataille, il vient de l’engager contre l’infodémie. Il n’a pas désigné sa cible sous ce vocable, mais sa circulaire ne laisse pas de place au doute, en indexant « des informations qui nuisent à l’effort national de contrôle de la pandémie Covid-19 ».
Les infox sont rarement tout à fait justes ou tout à fait fausses.
Il s’agit de relever un aspect essentiel du défi communicationnel qui consiste à combattre l’épidémie d'information qui accompagne la pandémie. L’OMS utilise le néologisme d’infodémie pour qualifier ce flux en continu d'informations composées en grande partie d’infox (fake news).
Pour l'anthropologue Alice Desclaux, specialiste des questions sanitaires, l’origine de ce type d’informations n'est pas toujours explicite. Comme elles ne sont pas validées par une institution et sont diffusées le plus souvent par les réseaux et médias sociaux, blogs et sites d'information en ligne.
Alice Desclaux ajoute :
« (…) les infox sont rarement tout à fait justes ou tout à fait fausses ; à propos de santé, elles correspondent parfois à des tentatives de désinformation intentionnelles. Il peut s'agir d'informations sorties de leur contexte, de généralisations hâtives, ou d'interprétations subjectives présentées comme des faits ».
La communication de crise, un impératif majeur...
Faire face efficacement aux fakes news requiert la mise en œuvre d’une communication de crise où la surprise et la course contre le temps constituent des contraintes quasiment permanentes. Cela doit être le cas au moment-même où nous écrivons ces lignes.
En effet, il y a quelques minutes, nous avons appris le décès d’une dame atteinte de coronavirus, alors qu'elle n’était même répertoriée en tant que telle par les services de santé, bien qu'elle ait été confinée depuis deux semaines. Elle est la première victime déclarée en Mauritanie de cette pandémie. Y’aurait-il d’autres morts ou d'autres malades atteints de Covid-19 sans que personne ne sache ou ne comprenne leurs cas ?
La question est légitime. Elle est toutefois susceptible d'alimenter suspicions et infox. Elle doit par conséquent offrir des raisons supplémentaires aux autorités publiques, sanitaires et politiques, pour s’attaquer davantage à l’infodémie.
Pour ce faire, il y a lieu de mettre rapidement au point un système de veille destiné au traitement des infox liées au Covid-19. Il devrait faire partie d'une stratégie de communication, globale et évolutive, qui puisse répondre aux besoins en communication selon le dévéloppement de la pendémie actuelle et des crises sanitaires de façon générale.
El Boukhary Mohamed Mouemel
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