Mes rapports avec le général Mohamed Ould Cheikh Mohamed Ahmed, mieux connu sous le nom de famille Ghazwouani, remontent à plus de trois décennies. Précisément, au mois de septembre 1986, si ma mémoire est bonne.
Depuis, nos chemins se sont croisés fréquemment : à différents niveaux et à différentes étapes et occasions de nos parcours professionnels respectifs. D’abord en tant que compagnons d'étude à l’EMIA[1] pendant le CPOS[2] (cours de capitaine), puis en tant que collègues de travail et amis ... avant que je ne serve directement sous ses ordres cinq à six année durant, lui chef d’Etat major général des armées, et moi chef du 3ème Bureau, puis commandant de l’ENEM[3] et attaché de défense en Chine ensuite.
Les circonstances qui nous ont liés pendant une trentaine d’années furent marquées par des moments agréables, mais aussi par des difficultés et contraintes souvent pressantes et complexes. Dans les conditions et contextes pesants, et face aux lourds défis à relever, Ghazouani a toujours été l’homme que j’ai connu depuis notre première rencontre : calme, lucide, doué d’une intelligence remarquable et d’une force intérieure immense. Discret et distant, le respect qu’il voue pour ses interlocuteurs force l’estime… et peut parfois désarmer les irréductibles, le cas échéant.
Une fois, assis avec un collègue dans une salle d’attente adjacente à son bureau, à l’époque où je dirigeais le B3, nous attendions, chacun son tour, pour le voir, quand subitement une voix d’un homme très énervé nous parvint. Une vingtaine de minutes plus tard, l’expression de colère bruyante se transforma en rires. Je l’entendis lorsque l’émetteur du bruit, un ancien officier mauritanien, connu pour ses manières et franc parler « guerriers », sortait, tout joyeux, du bureau du général Ghazouawani, ce dernier l’accompagnant respectueusement jusqu’à la sortie du bureau.
Aussitôt les deux hommes séparés, nous nous précipitâmes, mon collègue et moi, pour saluer le visiteur distingué. Gai et manifestement satisfait, il nous lança d’un air enthousiaste et bon enfant :
« Vous avez vraiment la chance d’avoir un grand marabout et grand guerrier, de cette trame, comme chef ! »
Un peu paternaliste, il continua de tenir la main de mon compagnon, son second bras posé sur mon épaule. Il enchaîna, comme s’il s’excusait d’une certaine façon, voulant nous prendre à témoins :
« Je lui ai expliqué, en criant ma colère haut et fort, comment ses cons de subordonnés ont manqué de respect à mon égards en me faisant attendre. Moi, tout le monde connait qui je suis. Et je suis venu pour voir le Chef d’Etat major des armées; et non pour m’assoir dans une salle d’attente, isolé comme un pestiféré.
Sans rien dire à ce sujet, son regard attentif, son sourire aimable, son humilité et la grande attention qu’il porte aux gens m’ont fait tout oublier. Pas seulement le désagrément ! La magnifique attitude de ce grand chef pas comme les autres, m’a impressionné à telle enseigne que j’ai omis une demande importante que j’allais lui soumettre. Mais je le ferai une autre fois, inch’allah », conclut notre interlocuteur.
Quelques mois plus tard, toujours au B3, je demandai en urgence et obtins, pour une énième fois, l’audience de « ce grand chef pas comme les autres », comme le qualifiait l’ancien officier qui m’avait couvé de son bras. C’était pour lui rendre compte d’un problème sérieux concernant un coopérant qui travaillait avec nous. Le général Ghazouani me répondit calmement, me fixant poliment d’un regard à peine perceptible, un léger sourire aux lèvres :
« Il mérite certainement que nous l’écoutions davantage. Et c’est notre cas à tous. »
Aujourd’hui, en me rappelant de notre échange, et pensant au meneur d’hommes, aimable, discret et efficace, qu’il a toujours été, je réalise que mon ancien condisciple et ami, puis mon chef, m’avait à l’époque livré le secret de son succès : la grande capacité d’écoute, dont il est capable, constitue un trésor inépuisable qui fait sa force tranquille.
Une belle leçon d’humilité que mes concitoyens et nos élites politiques devaient méditer profondément avant de s’engager. Avoir le sens de l’écoute est en effet une qualité cardinale pour tout décideur. Sa prise en compte doit compter beaucoup dans les choix que nous opérerons prochainement parmi les futurs candidats pour les élections présidentielles en cours de préparation.
En ce qui me concerne, j’ai choisi : Ghazouani est incontestablement le présidentiable qui répond le mieux à mes attentes.
Outre sa grande capacité d’écoute, il est suffisamment au fait des questions militaires et défis stratégiques. Un énorme atout qui lui permettra comme futur Président d’assurer la pérennité de la politique sécuritaire et antiterroriste avantageuse dont bénéficie le pays depuis plusieurs années, sous l’impulsion de son grand ami de toujours, le Président sortant, Mohamed Ould Abdel Aziz. La parfaite entente entre les deux hommes constitue une chance pour garantir la stabilité de la Mauritanie. L’électeur mauritanien, continuera de la mettre en valeur au profit de la sécurité du pays et son développement. Le « jour j », les urnes le diront.
Et tant pis pour les prétentieux, politiciens et manœuvriers égoïstes, que cette perspective dérange ; mais tant mieux pour nous autres, simples citoyens et honnêtes gens, qui aspirons à une alternance paisible.
Colonel (e/r) El Boukhary Mohamed Mouemel.
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