L'alliance contre nature Trump- Macron et la bonne explication de Hama mon ami

L'alliance contre nature Trump- Macron et la bonne explication de mon ami Hama

Alors que nous discutions banalement d’un commentaire anodin, rencontré sur le « mur » d’un compatriote qui parle sur face book de ses mésententes avec un autre compatriote, mon ami Hama, aujourd’hui à la retraite comme moi, m’a surpris en faisant le parallèle entre ce « posting » banal et les dernières frappes aériennes menées par les Américains, les Français et les Anglais contre la Syrie.

« Le ciel est clair. Pourquoi le noircir avec nos rancœurs et nos penchants égoïstes et prétentieux, en provoquant ceux des autres ? », S’interrogeait-il.

Puis il continua :

« Moi, à la différence de notre compatriote, j’ai toujours évité de traiter les gens, notamment mes chefs, mes collègues, mes amis, de dégueulasse ou de sournois. Et pour cause : si je pense qu’ils le sont, c’est qu’eux aussi doivent avoir les mêmes sentiments répulsifs à mon égard. J’évite donc de le leur rappeler.

Et s’ils n’en ont pas, pourquoi les pousser à être méchants ! » ajouta Hama, calmement, avant d'aborder la question syrienne sur un ton un peu plus grave :

 « L’adversaire et même l’ennemi, il ne faut pas les haïr ou les maltraiter. Moi au contraire, si j’en avais-  et c'est certainement le cas- je les respecterai, je les traiterai dignement. Faire autrement, comme ce à quoi nous assistons en Syrie, c’est se faire piéger dangereusement.  »

Mais moi, qui ne suis pas aussi sage et aimable que mon interlocuteur, le risque de se faire piéger à cause d’un mauvais comportement, ou d’une maladresse, émanant de soi,  je n’ai pas toujours su l’éviter. J’ai cependant une consolation : je suis comme les autres.

 "Une consolation toutefois maigre", répond Hama. Sinon, comment expliquer, selon lui, les conflits, les crises, les guerres et tous les malheurs qui s’en suivent ! Et ce n’est pas le fait de s’alarmer après qui va laver les auteurs de leurs péchés, avertit-il, en évoquant des exemples et une analyse géopolitiques complexes, mais difficilement réfutables.

"Les conséquences catastrophiques des interventions militaires des présidents américain et français, George Bush et Nicolas Sarkozy, respectivement en Iraq et en Libye, sont là pour nous le rappeler. Quoi qu’en disent maintenant ces deux vieux politiciens, malades de leurs égoïsme et prétention démesurés, leurs mauvais calculs ont conduit à des chaos et tragédies qui sont évidents aujourd'hui : le "Printemps arabe" et les désordres qui en résultent, le développement sans précédent du terrorisme et de la criminalité transnationale...

Ce qui se passe actuellement en Syrie, en Palestine, au Yémen et dans tout le Moyen-Orient, dans le Sahel et dans d’autres régions du monde n’est qu’un aspect de la résultante de leurs mauvaises aventures guerrières.

Et les ententes et alliances contre nature à propos de la question syrienne, ses annexes ou autres dossiers géopolitiques y afférents, comme les alliances qui s’établissent entre Donald Trump et Emmanuel Macron, ou les ententes qui s’annoncent timidement entre Israéliens et Saoudiens, en rajoutent à la complexité des conflits internes qui se multiplient  et aux drames des populations locales.

 De même, l’entêtement du gouvernement israélien et ses violations du droit international, ainsi que la montée des mouvements populistes et de l’extrémisme à connotation religieuse s’en alimentent. Une connotation qui n’est pas forcement islamiste, elle peut être chrétienne ou juive, boudhiste ou sikhe... ou même à l’opposé de tout référent religieux : laïque ou athéiste.

Une autre facette du comportement préoccupant de « ces malades qui nous gouvernent », comme diraient Pierre Accoce et Pierre Rentchnick : la guerre commerciale tout azimut que vient de lancer Trump, en direction de la Chine, de l’Europe, du Canada… Elle constitue un facteur d'inquiétude important. Mais manifestement pas pour le président français. Curieusement, ce dernier, qui se veut le vrai porte- drapeau de l’Europe, de ses intérêts économiques et stratégiques, est quasiment muet sur ce sujet. Comme il parle de moins en moins de l'attitude négative du président américain par rapport à l'accord de Paris sur le climat.

 Au lieu de ces sujets de divergence profonde, Macron, que certains qualifient de "caméléon", semble favoriser l’entente avec le patron de la Maison Blanche auprès duquel il s’estime bien écouté. Sinon, il n’aurait pas annoncé avec pas mal d’orgueil et de fracas que, suite à ses conseils, Trump a renoncé à sa décision de retirer les troupes américaines de Syrie.

Comme quoi, le Président américain écouterait Emmanuel Macron mieux qu’il ne le fasse avec ses propres conseillers et collaborateurs.  Ce haut degré de confiance, réel ou supposé, entre les deux hommes, en rajoute à la confusion d’une géopolitique déjà sombre, le style atypique des deux outsiders aux commandes respectivement de la 1ère  et la 5ème puissance mondiale, ne devant pas faciliter la lisibilité des relations internationales.

Avec eux, il faut s’attendre à tout : des rapprochements, mais aussi des bras de fer, au sens propre comme au sens figuré.

Autrement dit : la stabilité dans l’instabilité. "

"Faudra-t-il s’en inquiéter ou s’en réjouir ?" sintérrogea Hama, sur un ton ironique. Il mit ainsi fin à ce tour du monde angoissant qu'il venait de me faire.

Colonel (E/R) El Boukhary Mohamed Mouemel

Président du COTES (Centre  Oum Tounsi pour les Etudes Stratégiques)

Elboukharymouemel@yahoo.com

 

 

 

 

 

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