Le Président français est revenu hier sur sa poignée de main échangée avec Donald Trump jeudi passé, devenue désormais celèbre.
"Ma poignée de main avec lui, ce n’est pas innocent, ce n’est pas l’alpha et l’oméga d’une politique mais un moment de vérité", confie Emmanuel Macron au JDD, samedi matin à Taormina en Italie. Et il ajoute :
« Il faut montrer qu’on ne fera pas de petites concessions, même symboliques, mais ne rien surmédiatiser non plus".
Puis, commentant toujours son geste, il met deux autres chefs d’Etat dans le "même paquet" que Trump :
"Donald Trump, le président turc ou le président russe, révèle le jeune Emmnuel Macron, sont dans une logique de rapport de forces, ce qui ne me dérange pas. Je ne crois pas à la diplomatie de l’invective publique mais dans mes dialogues bilatéraux, je ne laisse rien passer, c’est comme cela qu’on se fait respecter."
L’objectif du jeune Président français est donc clairement affiché : il cherche à se faire respecter, par ses pairs, notamment ceux que l'on qualifie «d'homme de poigne », comme les trois chefs d’Etat qu’il vient de citer.
Mais le leur cracher à la figure de cette manière crue, est ce vraiment indispensable ? Ce comportement ne serait-il pas contre productif ? En citant et en décrivant ces chefs d'Etats de la sorte, Macron, ne court-il pa le risque de les vexer unitilement ? N’aurait-il pas été mieux pour lui de laisser le soin à la presse et aux observateurs de révéler au monde les visées et les mobiles qui se cachent derrière son geste à l'égard du Président américain ?
Avant que lui-même en parlde, et sans qu’il ne le demande, les médias, toute catégorie confondue, ont en effet souligné largement qu’il s’agit d’un message que le nouveau jeune président français envoie à Donal Trump et à ses pairs pour leur signifier qu’il exige qu'on le respecte et qu’on lui parle d’égal à égal.
Ajouter des commentaires avec un franc parler aussi brut, comme il a fait, nous semble un acte de trop. Cela risque d’être contre productif. C’est vrai cependant qu’une telle attitude comporte quelque part une portée dissuasive.
Mais attention : la dissuasion est un concept stratégique complexe. On doit le manipuler avec beaucoup de précaution, quel que soit d’ailleurs le domaine où il s'applique.
Il est admis par exemple, que quand on exhibe trop ses propres outils de dissuasion militaire, on donne à l’adversaire l’occasion de les connaitre suffisamment pour les contourner ou les mettre en échec, le cas échéant. En communication politique et dans les prises de contacts et relations diplomatiques, on doit éviter ce genre de risque.
Emmanuel Macron doit y faire attention. La prudence et l'humilté veulent qu’il ne cherche pas systématiquement à dévoiler les outils dont ils dispose en matière de dissuasion communicationnelle ou diplomatique. Presse et médias s’en chargeront à sa place. Et c’est parfois mieux.
El Boukhary Mohamed Mouemel
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