La ruée vers l’or : prudence, prudence !

Il est toujours difficile  pour le témoin d’un événement survenu subitement  d’appréhender  toute sa portée et de répondre à toutes les interrogations y afférentes au milieu du tumulte des informations parfois les plus contradictoires. Surtout quand  il s’agit de ce qui est convenu d’appeler non sans exagération : «  la ruée vers l’or » dans le nord du pays,  avec tout son cortège de passions vives, d’intérêts fabuleux  miroités et de courses effrénées dans une société désaxée par le délitement de ses valeurs communes.

C’est ainsi que  la  Mauritanie, au milieu de cette véritable ruée, vit un véritable vacarme assourdissant : on y a perdu même le sens de la raison et de l’information juste. On frise le ridicule, on se croirait comme dans un film comique de Charlie Chaplin.

À présent, toutes les énergies, tous les moyens même empruntés, sont mis exclusivement au service de cette hypothétique aventure. Les nouveaux moyens d’information privée, en mal de nouvelles, le célèbre « téléphone arabe » et les cellulaires, ont largement contribué  à la fringale d’information qui s’est emparée des citoyens à forte propension pour  l’enrichissement facile.

 La raison et le bon sens sont ainsi dépassés ; eux qui nous permettent, au-delà du tintamarre, de nous arrêter à la question fondamentale : Une activité, comme l’extraction artisanale ouverte de l’or dans la zone désertique frontalière de Tasiaset peut-elle être considérée comme une activité économique ordinaire ?

Il va sans dire que cette activité, si acceptable et légitime soit-elle dans son principe, ne peut qu’être entourée de toutes les précautions requises , tant le problème est d’une extrême sensibilité ; car il s’agit d’une zone  aux confins d’une région difficile à cerner sur le plan sécuritaire, qui risque de devenir pour cette raison le terrain de prédilection du crime organisé, du terrorisme de tout acabit ; car il s’agit aussi d’une opportune lucarne pour les organisations clandestines internationales de blanchiment d’argent et d’activités parallèles, de trafic de tout genre pour s’infiltrer sans coup férir dans cette opération.

Certes, les pouvoirs publics ont pris à  temps une position de juste milieu que recommande une telle situation ; une position souple qui permet à des milliers de citoyens,  surtout jeunes, d’aller en prospection ; mais aussi une position assortie de mesures préventives d’encadrement nécessaires en pareille occasion.

 C’était déjà la raison qui a présidé à la création de la Moughataa de Chami venue combler un vide sécuritaire notable dans toute cette région. Cette décision, que d’aucuns ont largement critiqué à l’époque, s’avère  aujourd’hui  une vue stratégique autour de laquelle doivent  être centrées les rigoureuses mesures de sécurité dictées par la nouvelle donne.

Les bénéficiaires doivent en être suffisamment conscients, car il y va de la pérennité de leurs propres intérêts matériels, mais surtout de l’intérêt suprême de la nation tout entière.  

 

 

                                                Docteur Abdallahi Ould Nem  

category: 

Connexion utilisateur