Je serai ministre dans le prochain gouvernement.

Je vous l’assure : je serai au moins ministre. Et ce  n’est pas le jeune comédien Togo, le « sous doué » qui passait le bac, qui parle. Non, c’est l'homme politique que je suis. Un vrai ministrable qui ne cache pas ses ambitions.

En effet, devenir ministre dans le prochain gouvernement a toujours été, et demeure, un rêve pour moi. Et il est à portée de main. Il suffit pour y arriver que je mette en œuvre les atouts dont je dispose[i].

  • Ni tribaliste, ni régionaliste, ni communautariste…

Effectivement, je suis immunisé contre ce genre de maux politiques abominables. Pour servir les miens, les gens de ma tribu, de ma région, de ma communauté… je développe et diffuse  un discours à l’opposé de tout cela, rendant très discrètes mes intentions réelles.  Cette condition assurée, il  ne me reste plus qu’à faire ce que je veux en m’entourant de précautions qui évitent de dévoiler ce que j’entreprends et mène en cachette. Telle est la clé pour me servir judicieusement de la fonction ministérielle et d’en faire profiter les miens. Pour ce faire, il suffit de mener calmement une stratégie discrète qui permette de ne pas trop heurter inutilement des concurrents  au sein d’autres groupes tribaux ou communautés sociales ou raciales, ou parmi les « miens ». Et si d’aventure, cela arrive je sais comment batailler pour les griller en haut lieu. Mais je préfère ne pas en arriver là. Brûler ses dernières cartouches, ça, je dois l’éviter coûte que coûte. Surtout que le grand boss qui est aux commandes du pays n’aime pas trop ce genre de stratagèmes.

  • Mon soutien au Président de la république est sans pareil et sans faille.

Mon soutien à Son Exellence Monsieur  Mohamed Ould Cheikh El-Ghazwani a été rapide, clair et net. Il est survenu très tôt avant même qu’il se portât candidat. Depuis, je le soutiens et l’appuie avec une conviction et une force inégalées. Mon engagement à ses côtés ne souffre et ne souffrira jamais d’aucune faille. Ma position et ma loyauté à son égard resteront intactes. Une  attitude qui ne changera jamais. Mes multiples sorties médiatiques passées pour réclamer, haut et fort, un «3ème », ou « 4ème », ou « 5ème » … mandat présidentiel pour son prédécesseur ne veulent rien dire, et n’ont aucun intérêt. Je tiens à une seule constante: regarder où se situe mon intérêt du moment et m'y aggriper.

  • De nombreuses ressources médiatiques à mon service.

Je dispose de plusieurs ressources médiatiques, traditionnelles comme modernes. Toutes manipulent l’information en vue de soigner mon image de marque. Mais beaucoup parmi elles restent discrètes. Par contre, d’autres étalent au grand jour ce qu’elles font pour dissuader et décourager les concurrents.  Naturellement, c’est le programme « taahoudaty » (mes engagements), sa mise en œuvre et la défense de son porteur, le Président Ghazouani, qui sont mis en avant. Mais en réalité il s’agit de slogans que j’utilise comme cheval de Troie pour faire passer des messages qui me servent personnellement.

   La conjugaison de ces trois grands atouts avec tant d'autres me rend pleinement qualifié pour être ministre. Cependant, mon optimisme reste mesuré pour décrocher le poste: je ne suis pas le seul à me prévaloir de ces qualités. Bien au  contraire ! Mes semblables sont légion. Et nombreux parmi eux me surpassent. La concurrence est très rude ... et ils ne me feront pas de cadeaux. Mais moi aussi, je n’ai pas dit mon dernier mot.


[i]  Un grand merci à Jemaldine Ould Ahmed Bezeid Ould El Boukhary qui a pris l'initiative de commenter et de traduire généreusement en français des paragraphes du texte originel écrit en arabe. Et ce faisant, il m'a insufflé l'dée de le réécrire en français.

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