« Sur mon chemin, j’aperçus, souvent, des êtres qui se croisent et, parfois, se poursuivent sans se rencontrer comme cette silhouette lointaine qui surgit du néant sur un parcours auréolé d’un silence, infiniment, apaisant : un homme déambulant, patiemment, derrière un troupeau, au crépuscule du jour.
Jusque là, tout allait mieux, dans le meilleur des mondes. Hélas, le silence s’interrompit un instant, ponctué d’un écho à peine audible, d’un message encombrant qui annonça une décision préoccupante(…).
Cet événement inédit vint altérer la randonnée dans une nature, jadis, à l’abri des informations inopportunes et donna son ferment à la théorie du « choc des civilisations » en aiguisant les antagonismes culturels et religieux. »
Hivernant cette année, dans le désert de mon terroir "inchirois"**, j’eus l’habitude d’effectuer une randonnée pédestre avant le coucher du soleil, loin du bruit tintinnabulant des machines et du tintamarre des moteurs polluants qui obstruent la visibilité des habitants des villes, blottis qu’ils sont dans une espèce de lofts hermétiques.
Presque, chaque jour, j’allai et revins, animé par une passion : déceler le contraste entre la vie dans la cité et celle du désert.
Ce fut, pour moi des moments favoris de méditation qui, par réminiscence, rappellent le mythe de la caverne[1] et la liberté dans son essence.
Sur mon chemin, j’aperçus, souvent, des êtres qui se croisent et, parfois, se poursuivent[2] sans se rencontrer comme cette silhouette lointaine qui surgit du néant sur un parcours auréolé d’un silence, infiniment, apaisant : un homme déambulant, patiemment, derrière un troupeau, au crépuscule du jour.
Jusque là, tout allait mieux, dans le meilleur des mondes. Hélas, le silence s’interrompit un instant ponctué d’un écho, à peine audible, d’un message encombrant qui annonça une décision préoccupante relative au statut international de Jérusalem.
Cet événement inédit vint altérer la randonnée dans une nature, jadis, à l’abri des informations inopportunes et donna son ferment à la théorie du « choc des civilisations » en aiguisant les antagonismes culturels et religieux.
La transition, s’est vite, opérée entre le droit à la nature et le droit international ; mais sans rupture avec le désert qui livra l’un de ses secrets sur la relativité de la notion du bonheur et sur la pureté originelle de l’esprit humain, débarrassé des angoisses dues à la théorisation des thèses « amalgamantes » sur le Bien et le Mal, que ne cessent de ressasser les continuateurs de Samuel Huntington, islamophobies et experts médiatiques passionnés contribuant, ainsi, à promouvoir la vision manichéenne du choc des civilisations.
La fragmentation prévisible du monde devrait être, sagement combattue par une théorie alternative prônant le dialogue des civilisations afin de favoriser l’instauration d’un nouvel ordre mondial fondé sur le respect du droit international, des religions et des cultures en tant que valeurs fondatrices de toutes les sociétés.
C’est l’émergence de cet ordre multilatéral dont la société internationale a aujourd’hui, besoin, qui est susceptible d’insuffler une dynamique opérante pour un équilibre stratégique face à l’unilatéralisme ambiant, dans un contexte international, sensiblement, marqué par le spectre de la menace nucléaire, des conflits armés et des défis multiples que font peser sur la paix et la sécurité internationale le terrorisme sous toutes ses formes, la criminalité transfrontalière, la crise migratoire et le trafic des êtres humains….
La théorie alternative devrait, radicalement, s’inspirer des résolutions pertinentes de l’ONU relatives au dialogue des civilisations et des religions.
A cet égard, la résolution[3] 1624 /2001 précise, expressément, que, pour cultiver la modération : « les civilisations doivent dialoguer davantage et se comprendre mieux afin d’empêcher le dénigrement inconsidéré des religions et des cultures des autres » fin de citation
Il s’agit, là, d’un mode opératoire, clairement, exprimé pour le dialogue des civilisations et le respect des religions et cultures universelles.
La communauté internationale est, au regard du changement actuel des circonstances, interpellée pour requérir l’intervention du Conseil de Sécurité afin de créer des mécanismes appropriés pour la mise en œuvre de cette résolution qui constitue une norme supra-nationale dont l’application pourrait aider à faire échec à la théorie de choc des civilisations.
A cet effet, la 73ème session de l’assemblée générale de l’ONU, prévue en septembre 2018, à New York, serait bien inspirée d’introduire, dans son programme un thème sur « le dialogue des civilisations et des cultures ».
Prêchant le dialogue, la résolution est un antidote prescrit par la communauté internationale pour prévenir le choc des cultures pourvu que les civilisations du monde se résolvent à se comprendre mutuellement, et s’abstiennent du dénigrement inconsidéré des religions.
La compréhension mutuelle permet d’éviter la stigmatisation systématique des religions créatrice d’amalgames contre productifs qui se nourrissent de la sève toxique des doctrines étroites issues des déductions simplistes et inadéquates par rapport à l’esprit de la résolution relative à la stratégie mondiale contre le phénomène récurrent de l’extrémisme sous toutes ses formes comme la violence, la radicalisation et le terrorisme qui : « ne saurait, ni ne devrait être associé à une religion donnée, à une nationalité ou à une origine ethnique » fin de citation
C’est sur ces deux principaux piliers du droit international que peut, valablement, s’appuyer une diplomatie préventive pour susciter de nouveaux paradigmes afin de légitimer l’appropriation, par la communauté internationale de la théorie alternative du dialogue des civilisations pour le bonheur de l’humanité sur une planète sécurisée et viable pour un développement durable.
*Plusieurs fois ambassadeur de son pays- la Mauritanie, à l’UNESCO (2000-2004) ; en Gambie (2004-2007) et en Côte d’Ivoire (2007- 2012), Sidi Mohamed Sidaty est actuellement chargé de mission auprès du Ministre des Affaires étrangères et de la coopération. Outre son statut et ses activités de diplomate passionné, ce juriste de formation est aussi écrivain. A son actif : « mémento des relations diplomatique » (2010), « mémento des relations consulaires » (2011) ; ainsi que des articles publiés dans la presse. ( La rédaction).
** de l'Inchiri, une région administrative de la Mauritanie située dans l'ouest du pays. Sa capitale est Akjoujt, (N.D.L.R).
[1] Le mythe de la caverne est cité pour évoquer la lumière naturelle du désert par rapport à l’obscurité des villes.
[2] Une référence à Henri de Montherland, quand il dit que la vie est une ronde des êtres qui se succèdent et se poursuivent.
[3] Résolution 1624 du 14/09/2001 du Conseil de Sécurité condamnant les actes terroristes.
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