RMI-Biladi. Relancé par un contact téléphonique du nouveau-ancien Monsieur dialogue du pouvoir au président du FNDU, le dossier du dialogue n’a pas évolué d’un iota même s’il donne pourtant le mal de mer. La coalition de l’opposition, très lourde, n’est même pas encore arrivée à se réunir pour débattre de la proposition de rencontre entre leur président et le ministre secrétaire général de la présidence.
On attendrait un feu vert du Rassemblement des Forces démocratique (RFD) qui est parait-il hostile à toute discussion avec le pouvoir. La balle est vraiment dans le camp du FNDU qui n’a pas encore répondu officiellement à la proposition de rencontre qui a été faite par le pouvoir à travers Moulaye Ould Mohamed Laghdaf, appelé à la rescousse par le président Aziz afin de reprendre le dossier du dialogue qui piétine.
Même s’il n’a pas émis la moindre indication sur ce qu’il entend proposer à ses interlocuteurs, l’opinion s’impatiente déjà pour savoir la suite de cette affaire qui demeure toutefois suspendue en attendant de savoir la nature de la réponse duFNDU.
Ce dernier ne sait pas, lui encore, quelle forme prendra sa réponse à la proposition du pouvoir, ‘’indécente’’ aux yeux de certains de ses membres. En fait, le contact entre Ould Mohamed Laghdaf et Ould Bouhoubeiny a eu lieu au moment où le président du RFD, Ahmed Ould Daddah, s’apprêtait à rentrer au pays après une longue absence à l’étranger.
Les représentants de son parti au sein du FNDU ont demandé à leurs partenaires de l’opposition d’attendre le retour de leur président et la réunion de leur instance dirigeante avant de débattre de la réponse à faire au pouvoir.
Entre temps, le bureau exécutif du RFD s’est réuni pendant plusieurs jours sans annoncer publiquement la position du parti par rapport à la demande du pouvoir.
Mais l’on sait quand même que ce parti est généralement hostile à tout contact avec le président Aziz qui n’est tout simplement pas, aux yeux des gens du parti de Ould Daddah, un partenaire fiable. Sur la base de cette position devenu presque immuable au sein de ce parti, on peut deviner, sans risque de se tromper, que le RFD serait opposé à toute rencontre entre Bouhoubeiny et Ould Mohamed Laghdaf.
Même si son comportement et ses manières commencent d’agacer un bon paquet de ses partenaires au sein du FNDU qui l’accusent même de trop faire, il est quand même établi que la position de la formation de Ould Daddah est très importante dans le jeu du FNDU.
D’ailleurs ses partenaires, même s’ils dénoncent un comportement ‘’envahissant’’ et ‘’égoïste’’ de sa part, ne sont pas disposés à le perdre. Ce qui profiterait immanquablement à leur adversaire politique, le pouvoir, qui aura ainsi réussi à les diviser.
Une perspective que personne parmi les gens du FNDU ne désire voir se réaliser pour la simple raison qu’elle handicaperait les adeptes du dialogue à tout prix qui verront ainsi leur position gravement affectée et ne pourront plus aspirer à autre chose que des miettes de la part du pouvoir.
Exactement l’expérience qu’ont vécu, dans le passé, Messaoud et Boidjellorsqu’ils décidèrent en 2011 de quitter leurs amis de la COD afin d’engager le dialogue avec Aziz. Un dialogue dont les résultats furent en deçà de leurs attentes.
Cela est d’autant plus vrai que rien ne les fait encore courir dans la mesure où, comme on le dit dans notre jargon populaire, ‘’rien n’a été mis entre leurs mains’’susceptible de les encourager d’aller vers un partenaire jusqu’ici est réputé être difficile, insaisissable et très peu porté sur le partage avec les autres.
Alors que risque-t-il donc d’advenir au FNDU ? Très simplement : chercher à trouver un compromis entre les positions de ses membres. Ils n’ont pas d’autre choix.
Un dirigeant de l’une des composantes du forum, qui s’est ouvert à Biladi, estime qu’un compromis est bien possible même si sa concrétisation demandera davantage de temps.
A la question de savoir si les contours d’un éventuel compromis sont déjà dessinés ? Il répond qu’il est possible que le RFD accepte le principe de la rencontre entre le président du FNDU et le ministre chargé du dialogue s’il devait uniquement s’arrêter à lui expliquer ce qui a été toujours l’exigence du FNDU : une réponse écrite à leurs doléances déjà transmises au pouvoir. Ce qui veut dire, en d’autres termes, poursuit-t-il, qu’il faille revenir à l’ancien format du dialogue abandonné, un moment, par le pouvoir.
Pourquoi le dialogue ?
C’est la question qui irrite tout le monde et qui pousse l’opposition à ne pas se précipiter pour avaler l’offre du dialogue faite par le pouvoir du président Aziz. En d’autres termes, quel objectif cherche-t-il d’atteindre. Jusqu’ici, aucune réponse à ce casse-tête. Juste des interprétations aussi confuses qu’imprécises.
Il est vrai que l’entente entre les différents acteurs d’une scène politique doit, en principe, arranger au premier lieu celui qui détient les rênes du pouvoir. Mais si tel était réellement le cas chez nous, le pouvoir l’aurait réclamé bien avant maintenant, lui qui gère le pays depuis bientôt huit ans.
Il faut donc chercher autre chose qu’une simple et brusque volonté d’apaiser le climat politique. Certes la situation économique parait très mauvaise, mais elle ne justifie point l’acharnement, du moins apparent, du pouvoir pour provoquer un dialogue avec son opposition, naguère infréquentables.
En plus du flou qui entoure cette question, qu’est-ce l’opposition puisse-t-elle gagner actuellement sur le plan politique d’un dialogue avec le pouvoir.
Peut-être l’organisation d’élections anticipées ? Mais là, également, cette perspective ne doit pas l’arranger pour la simple raison qu’elle est très affaiblie, politiquement, et manque cruellement de moyens financiers pour aspirer à croiser le fer avec le pouvoir, issu d’un putsch et très peu regardant sur les principes démocratiques, lors de nouvelles consultations électorales.
Ce rapport de forces très favorable au pouvoir pousse certains opposants à jouer la carte du pourrissement de la situation qui coûtera cher au pays, mais qui pourrait en fin de compte provoquer le départ de Aziz. Un scénario qui s’est déjà réalisé chez nous sans pour autant qu’il favorise l’arrivée de l’opposition au pouvoir.
Amine Lazrag
(Source : CRIDEM)