Je viens de lire un texte qui m’a profondément interpellé : « Lettre ouverte à un soldat d’Allah: Arrête de m’appeler «frère»! », de Karim Akouche. Ce papier, publié par le site amazigh24, est assorti de la recommandation suivante :
« Partagez cet article avec vos amis ».
Une recommandation qui en dit long sur les visées propagandistes de l’auteur et/ou du site. Ce qui n’a pas empêché une large diffusion de leur produit sur les réseaux sociaux.
De mon côté, je ferai comme les autres, malgré ma désapprobation du message véhiculé. Je partagerai cet article, mais en exprimant une réserve de taille : ...et si l'on parlait aussi des soldats anti Allah !
Autrement dit : il ressort, selon ma lecture de cette « lettre », que « soldats d'Allah » et « soldats anti Allah » constituent une seule et même pièce de monnaie à deux faces comparables : un extrémisme à deux visages manifestement antinomiques, mais qui sont indissociables l’un de l’autre et interdépendants. D’un côté l'extrémisme religieux- et pas seulement islamique- et de l’autre l’extrémisme laïc- et pas seulement occidental.
A mon sens, la lettre de Karim Akouche est surtout révélatrice de ce dernier type d'extrémisme, version amazigh ou autre.
L’auteur étale son athéisme, s’en vante et exprime sa détestation de Dieu, de la religion, et en premier chef d’Allah et de l’Islam qu’il confond avec les jihadistes auteurs d’attentats. Sur ce point, force est de constater qu’il ne fait pas forcement preuve d’originalité. Il ne fait que rssasser ce que racontent les racistes islmophobes quand ils évoquent le terrorisme.
Et quand, dans le même élan de colère anti islamique, sa forte indignation le porte jusqu’à renier l’histoire et calomnier les grands intellectuels musulmans d’aujourd’hui qui développent une pensée islamique moderne et démocratique, son message n’apporte pas non plus des éléments de reflexion novateurs.
Cependant, dans tous les cas, son discours choque et passe mal.
Comment est ce qu'il puisse minimiser et caricaturer terriblement l'histoire, au point de nier l'apport civilisationnel des Arabes et de l'Islam dans la civilisation universelle et son progrès?
Comment est ce qu’il ose qualifier de « soldat d'Allah », un certain reformateur de la pensée islamique moderne au nom de Tarik Ramadan, bien connu pour sa modération et son discours contre la radicalisation et contre l’extrémisme violent?
Où se situe-t-il par rapport à un certain Eric Zemour, un autre « soldat anti Allah », connu lui aussi, mais pour son animosité et sa haine à l’égard de Tarik Ramadan, des musulmans, des arabes et de tous ceux qui les respectent comme le grand philosophe Edgar Morin, par exemple ?
Est- il conscient du fait que véhiculer de tels messages fournit des munitions aux « soldats d’Allah », qu’il est sensé combattre ?
Karim Akouche semble ignorer tout cela, parce que tout simplement Tarik Ramadan et Edgar Morin ne pensent pas comme lui, et parce que lui-même nourrit manifestement une forte méfiance, voire de la haine à l'égard de tout ce qui a trait aux arabes et à l'islam. Un monde et une religion qu’il semble cataloguer dans la « case des méchants » en les réduisant aux groupes « jihadistes ».
En généralisant de la sorte, il balise le chemin pour les extrémistes de tout bord, religieux ou laïcs, pour passer à la phase extrême dans leur engagement. Une radicalisation qui risque de conduire tout droit à l’étape ultime de l’évolution de l’extrémisme : le terrorisme n'est-il pas le stade suprême de l’extrémisme !
Tel est le mode de fonctionnement typique de ceux que l’on qualifie de « soldats d'Allah » ou de « fous de Dieu » : un refus catégorique de l'autre, nourri par des a priori idéologiques dangereux, qui ont souvent pour corollaire le terrorisme. Suivre le même cheminement intellectuel, en se situant dans un camp adverse, est également le mode de fonctionnement des « soldats anti Allah ». Et ces derniers sont tout aussi condamnables que les autres catégories d’extrémisme.
Pour accéder au texete de Karim Akouche, cliquer ICI.
El Boukhary Mohamed Mouemel
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