Dans sa lutte contre le terrorisme, l’ONU s’est attaquée depuis quelques années à l’extrémisme violent et la radicalisation. En février 2015, son secrétaire général de l’époque, Ban Ki Moun, avancait plusieurs axes d’efforts qui sont toujours en vigueur. Deux impératifs en donnent la quintessence :
- Promouvoir les droits de l’homme de manière à contrer ce mauvais constat qu’il faiait : « les meilleurs arguments de recrutement des extrémistes sont les mesures prises contre eux » ;
- Créer et développer des ponts entre les peuples. Et à ce sujet, Ban Ki Moun mettait en garde : « Qu’on ne s’y trompe pas : lorsque des dirigeants disent à des groupes de s’isoler ou de fuir, les extrémistes se réjouissent. Je crains aussi que les mouvements d’opposition à l’immigration et les extrémistes s’entraînent les uns les autres dans une spirale de l’intolérance aux conséquences dévastatrices ».
Cette spirale de l’intolérance que l’ex secrétaire général onusien redoutait, Donald Trump fait tout pour la provoquer aujourd’hui. Ces premières décisions en termes de politique des frontières et d’immigration nourrissent le terrorisme et risquent de déclencher une violence aux formes multiples et imprévisibles. Une politique largement décriée à l’intérieur comme à l’extérieur des Etats Unis. « Ce que Trump fait, c’est donner des munitions aux Djihadistes à travers le monde », a déclaré un membre du congrès américain.
Dans l’histoire des Etats Unis, l’intensité et l’ampleur du mouvement d’indignation et de protestation suscité aujourd’hui par le Président américain n’ont certainement pas d’égal depuis la guerre du Viet Nam. L’ONU doit accompagner ce courant. En tout cas, Trump montre suffisamment d’arguments pour être dans la ligne de mire de sa stratégie contre l’extrémisme violent.
Le nouveau Secrétaire Général aura-t-il la force d'agir dans ce sens?
Il est trop tôt pour répondre, même si le doute est de mise. Monsieur Antonio Guterres vient en effet d'exprimer son souhait que le décret du Président américain concernant la suspension des visas pour les citoyens de sept pays musulmans ne soit qu'une mesure provisoire. Oublie-t-il ou ignore-t-il que, selon ses termes, le décret interdit "l'entrée aux États-Unis des ressortissants de certains pays pendant une période de 90 jours"?
El Boukhary Mohamed Mouemel
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