Je ne sais plus quel est l’artiste qui disait : ' Photographier, c'est mettre sur la même ligne de mire la tête, l'œil et le cœur '. Mais je connais au moins un écrivain qui réussit merveilleusement bien ce bel ''exercice d’alignement'' : Rachid Douani.
Ecoutons-le, 'En ce jour de L'Adha' :
Toutes les Terres d'exil se sont étiolées pour ne plus me contenir. Les frontières s'élargissent, gagnent du terrain pour me jeter encore et encore dans ma solitude. Seul subsiste l'écrit pour me nicher et me parer de ce froid qui enraidit les membres et le cœur. Pourtant je me rends à cette évidence : mon double, mon frère me tiendra toujours compagnie jusqu'au bout ... sa voix scintille dans mon oreille.
En ce jour de l'Adha, au milieu de la fumée, du brouhaha et de l'odeur du sang qui accompagnent le fameux sacrifice, mon double n'a plus mal à la vie, comète errante qui n'ose ou ne peut se fixer sur terre. Sa voix suit le sillon de la mienne. À travers elle je retrouve le visage de l'enfant que j'étais. Par son truchement je me rends compte que le poème a fui l'altitude prise par la parole. La muse, cette urne magique et hermétique, s'ouvre et se ferme sans que je puisse saisir le moindre soupçon de mots. Homme de la fêlure où vais-je échouer ? ...Rachid Lamghari Idrissi Daouani''.
Source : Rachid Lamghari Idrissi Daouani