L'abus de confiance par détournement de fonds est l’une des plus dangereuses infractions pénales courantes qui sévissent dans les relations de travail au sein des établissements publiques. Sa définition communément admise stipule que « Le détournement de fonds publics est l'opération illégale qui consiste à utiliser des sommes appartenant à la collectivité à des fins autres que le bien public ».
.Le droit pénal français prévoit que « Le fait, par une personne dépositaire de l'autorité publique ou chargée d'une mission de service public, un comptable public, un dépositaire public ou l'un de ses subordonnés, de détruire, détourner ou soustraire un acte ou un titre, ou des fonds publics ou privés, ou effets, pièces ou titres en tenant lieu, ou tout autre objet qui lui a été remis en raison de ses fonctions ou de sa mission, est puni de dix ans d'emprisonnement et de 150 000 euros d’amende (59 250 000 UM). La tentative de détournement de fonds publics est punie des mêmes peines ».
Il faut dire qu’en France et partout ailleurs où l’Etat de droit jouit de toute son autorité, la punition est effective une fois les faits avérés et établis. Aucun groupe de pression social ou politique ne peut entraver le cours de la justice, ni se dresser contre son application. Les individus qui trempent dans ce genre de malversations illégales répondent de leurs actes devant la loi. Ils sont arrêtés, jugés et punis conformément aux lois en vigueur. Leurs manœuvres n’y peuvent rien. Bien au contraires, leurs magouilles risquent de constituer pour eux des facteurs aggravants.
Chez-nous, alors que le coup d'envoi de la campagne agricole 2016-2017 vient d’être donné par le chef de l’Etat, Mohamed Ould Abdel Aziz, disparaissent comme par enchantement 16.000 tonnes d’engrais nécessaires à sa réussite, chiffre énorme confirmé par les documents aux mains des enquêteurs. Une aberration sans pareille qui laisse perplexes ces enquêteurs étonnés par l’ampleur de ce détournement qui dépasse leur entendement. Et s’y l’on greffe à ce gravissime, le fait que ces enquêteurs, en se rendant dans les magasins de la société, ont découvert que les caisses sensées contenir les engrais, étaient remplies de déchets, l’affaire devient plus rocambolesque et ses griefs plus graves encore.
Le Président de la République a ordonné qu’une enquête ouverte soit engagée. Suivant ses instructions fermes, personne ne doit y être soustrait sous quelque prétexte que ce soit. Cette enquête, a-t-il aussi intimé, doit être entreprise avec toute la rigueur et l’impartialité requises. Les traces des engrais détournés doivent être relevés, pistées et suivis en priorité pour en repérer les destinations probables et procéder par tous les moyens à leur restitution ou du moins la restitution de ce qu’on en retrouvera. Et deuxième lieu, que les procédures pénales se déroulent de manière à permettre un jugement juste de tous les auteurs présumés et complices soient engagées et menées à leur terme jusqu’à la prononciation des verdicts conformément aux lois en vigueurs. C’est dire que pour lui, cette affaire d’abus de confiance par détournement ne doit souffrir d’aucune défaillance judiciaire ou de laxisme, ni être tronquée pour quelque motivation que ce soit, d’ordre social ou politique…
Dans un pays où des tares comme un tribalisme qui se transmet de génération en génération, une aristocratie en manque de civisme, la nomenclature de nantis nourris de corruption... ont pignon sur rue et bénéficient d’une impunité quasi totale, il est impératif que cette enquête soit menée en toute indépendance. Le redressement de la Mauritanie est à ce prix.
En effet, des aboutissants de cette affaire, vont dépendre, pour une large part, les poursuites futures ou en cours concernant plusieurs cas similaires qui gangrènent les institutions publiques et en sapent la gestion, handicapent la bonne gouvernance, sabotent les fondements et principes de l’Etat de droit et bloquent toutes les voies vers le développement et la recherche de l’équité sociale.
El Wely Sidi Haiba
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