La Mauritanie qui, du point de vue de la foi, est « une » par l’Islam, se conjuguait pourtant culturellement au pluriel de façon harmonieuse. C’est cela qui continua de prévaloir sans rupture, ni controverses, jusqu’à l’avènement après l’indépendance, des nationalismes restreints et chauvins arabe et négro-africain. Une nouvelle étape voit alors le jour. Elle ne cessera depuis, sous les coups de boutoir de discours bornés, de s’amplifier créant des écarts toujours plus profonds entre les deux principales composantes de la population : arabe et négro-africaine.
La réforme du système éducatif de 1973, qui entraine l’arabisation de l’enseignement, va engendrer, par refus et réaction, « l’appropriation » par les négro-africains de la langue française à défaut de voir promouvoir, vulgariser et enseigner leurs langues mères. Un malaise qui va continuer à peser en dépit des efforts qui seront consentis et qui se traduisent par l’abrogation en 1979 du décret n° 79.348/PG/MEFS portant création d'un Institut des langues nationales.
Aujourd’hui, ce fossé, qui s’élargit, continue malheureusement d’affaiblir les affluents de la culture, tant dans leurs aspects civilisationnels et culturels spécifiques.
Des déficits en termes d’harmonie et de bons rapports au sein de la société en résultent à tous les niveaux.
Devant cette situation, les intellectuels du pays brillent par leur démission. Ils sont pourtant sensés être les dépositaires légitimes de tout ce qui est susceptible d’élever le niveau des débats nationaux et de combattre les passions sectaires. Cela passe nécessairement par l’usage de langage, de moyens et de méthodes d’expression dépassionnés. Respecter et maximiser la diversité, répondre aux attentes du peuple, et ses aspirations à l’unité, l’égalité, la liberté et le bien, sont à ce prix.
Ce n’est pas malheureusement ce que révèle généralement le les débats actuels. Les supports médiatiques, tv, radios, journaux, supports électroniques, rendent compte des déficiences conséquentes à la démission des soi-disant intellectuels qui occupent l’espace médiatique. Les quelques rares voix qui s’efforcent de suivre un cheminement différent, qui développement un discours de tolérance et d’unité, sont cibles de méchantes attaques voulant les réduire au silence. De singuliers et dangereux prédateurs malhonnêtes, aux plumes crapuleuses et au tempérament saugrenu, semeurs de doutes et de troubles, font tout pour que les échos de leurs voix se perdent dans les abimes de la discorde.
Ces méchants cherchent par tous les moyens d’accaparer tous les canaux d’écoute et d’empêcher toute autre opinion d’y accéder. À défaut de pouvoir s'attacher aux idées, les comprendre, les analyser, les critiquer, ils essayent en toute circonstance de diaboliser et de décrédibiliser les vaillantes plumes qui résistent aux sectarismes, au chauvinisme étroit et à la haine qui en découle.
Or cette manière stérile de diaboliser et ou décrédibiliser l’adversaire ne fait que confirmer que ses auteurs manquent cruellement d’idées, d'esprit critique constrictif et de vision : leur raisonnement se nourrit d’un absolutisme primaire. Il repose sur le principe : la fin justifie les moyens. En dehors de ce principe, point de sens, pour eux, à la justesse du raisonnement, à la bonne foi, ou à la sincérité.
El Wely Sidi Haiba
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