On savait déjà que le déni des réalités concrètes est l’un des beaux arts de notre opposition radicale, qu’il est étalé sans vergogne, toujours renouvelé, alors qu’en politique il faut toujours dire ce que l’on voit réellement ; mais, surtout, ce qui est plus difficile, ne voir que ce l’on voit.
On savait aussi que leur discours a toujours été d’une futilité affligeante portant sur des sujets subalternes, marginaux et irréels ; que leur imagination politique est féconde en fables ingénues et en mensonges protecteurs ; qu’ils sont enfermés dans une armature de passions, de haine et de mauvaise foi, incompatibles avec toute analyse objective ; que leur popularité et leur crédibilité, déjà très limitées, s’écornaient en conséquence à vive allure comme peau de chagrin.
Mais ces derniers temps, et en particulier après la visite effectuée par le président Aziz au Hodh Chargui, force est de constater un abaissement encore plus indécent et plus accru de la pensée politique du FNDU et de son discours, qui laissent diagnostiquer sans grand effort de sagacité un état pathologique dans il se fourvoie désespérément.
Un état pathologique dont les maitres-symptômes visibles seraient : un état de délire, une amnésie ou trouble de la mémoire et une myopie politique.
En premier lieu, un état de délire avec des injures grossières et personnelles puisées dans les caniveaux de la vilenie politique la plus abjecte, et qui ne peuvent être prononcées par des hommes qui veuillent encore préserver quelque pudeur et quelque soin de leur réputation. Un comportement étranger à la culture démocratique et à la notre propre ; où des hommes de droit outragent à volonté le président de la république ; où des élus issus d’élections démocratiques appellent au changement par la rue et par la violence ; où certains partis exploitent machiavéliquement le large espace de liberté pour véhiculer un discours de division et de haine entre nos composantes sociales ; où des hommes politiques en mal d’angélisme essaient de dépasser les uns les autres, non par des arguments objectifs, mais par la célèbre « échelle de perroquet » dont le dernier mot revient à la voix la plus forte et surtout à celui qui déforme la réalité, qui affuble le président de la république des épithètes les plus infâmes et les plus subalternes.
En deuxième lieu, une amnésie ou trouble de la mémoire qui leur fait oublier la grave situation que traversait la Mauritanie en 2008 et qui rappelait à s’y méprendre une de ces situations extrêmes évoquée par le philosophe Valéry. De cette passe, inoubliable par le commun des citoyens, pouvait sortir le pire comme le meilleur.
Le pire, c’était le maintien du régime alors en place avec sa stratégie réduite aux purges et saignées qui rappelait les remèdes que les médecins incompétents imposaient déjà au malade de Molière pour son bien, alors qu’ils étaient à l’origine de sa faiblesse continue. Dans ces conditions, la Mauritanie glissait sur une pente savonneuse qui la menait inexorablement vers la sortie de l’Histoire, en raison de la déliquescence de l’état soumis aux coups de boutoir répétés des organisations terroristes, d’une situation politique rampante, d’une économie exsangue, d’une situation sociale explosive.
Mais le plus grave était la tentative désespérée de diviser l’armée, la seule force homogène qui transcende les particularismes centrifuges encore vivaces dans la société mauritanienne ; une tentative, ce qu’à Dieu ne plût, qui allait entrainer la Mauritanie dans la sinistre voie empruntée par certains pays frères, celle du terrorisme, de la résurgence des vieux démons antinomiques de l’état moderne que sont la tribu, la région, le clan, l’ethnie ; une situation de guerre civile que tous les leaders de cette opposition radicale, sous la houlette des « islamistes » de Tawassoul, ont vainement essayé d’emprunter en 2010 et en 2011 dans le cadre du fameux « printemps arabe ».
Mais l’erreur chez les amnésiques est de considérer que les erreurs historiques d’une telle envergure peuvent être écartées par une sorte de chasse-mouche mentale, alors que dans la vie des nations elles restent gravées dans la mémoire collective du peuple qui, lui, dispose de toutes ses facultés mentales lui permettant de juger le présent par rapport au passé, de discerner le bon grain de l’ivraie, les patriotes des ennemis de la nation.
Le meilleur, c’était de mettre fin de manière radicale à cette situation, transformer les angoisses en espérances, mettre le pays sur de bons rails. Et comme dans toutes les situations où le pays était en péril, en 1978 comme en 2005 et en2007, l’armée a entendu l’appel de la patrie. Et des élections présidentielles transparentes et démocratiques avec la participation de toute la classe politique ont été organisées en 2009.
Depuis cette date, la Mauritanie, sous la direction du président Aziz, a cessé d’être le grand malade de la région. Elle s’est métamorphosée en se lançant dans la voie de la croissance soutenue, de la modernisation socio-économique et culturelle. Elle a suturé ses propres plaies. Elle a retrouvé la place qui lui sied dans le concert des nations arabes et africaines. Elle occupe aujourd’hui le peloton de tête des nations de la sous-région dans les domaines aussi sensibles que la sécurité, les droits de l’homme, la liberté individuelle et collective, la liberté de presse, la participation de la femme et des jeunes.
En troisième lieu, la myopie, autre signe pathologique de notre opposition extrémiste, l’empêche de voir, comme tous les mauritaniens, l’ampleur et la portée de ces réalisations tangibles, pourtant aussi souveraines que des étoiles dans un ciel serein ; des réalisations qui ont substantiellement transformé la vie de tous les mauritaniens, nonobstant leur appartenance sociale et régionale.
Des réalisations qui ne cessent de désaxer et affoler l’opposition extrémiste, aggravant ainsi au fur et à mesure son état de dégénérescence morale dont elle est la seule responsable.
Docteur Abdallahi Ould Nem
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