Les transformations , pour être durables et bénéfiques, doivent avancer au rythme et aux conditions propres que le pays peut accepter . Jamais moins vite, mais jamais plus vite.
Plus vite, c’est occulter royalement la réalité rugueuse pour se laisser emporter par la passion politique et la fougue, au lieu de la réflexion, le rationnel, le possible. Une erreur fatale commise par ce qui a été baptisé à tort le « printemps arabe » lesté par des cris d’orfraie et des slogans sans commune mesure avec les conditions spécifiques du monde arabe. Le résultat a été catastrophique : la déliquescence des états pourtant bien ancrés, la guerre civile, la résurrection des vieux démons dormants comme la tribu, l’ethnie, le régionalisme. Plus grave, personne ne peut prédire, une décennie après, la situation définitive de ces états.
Jamais moins vite, c’est à dire que le dirigeant doit créer, dans les circonstances qui sont les siennes, les conditions de succès de son action politique en établissant le lien dialectique et le juste rapport qui doivent exister entre le présent et le passé, entre le possible et son contraire, entre l’essentiel et l’accessoire, dans l’intérêt suprême de l’Etat. C’est la conceptualisation nouvelle du pouvoir mise en œuvre par le président Mohamed Ould Cheikh Ghazouany qui signe une incontestable rupture systémique avec l’ordre ancien et ses pratiques délétères qui ont sapé le développement social et économique de notre pays.
L’oubli du passé est préjudiciable pour la compréhension du présent, c’est pourquoi sa gestion doit être clarifiée. C’est dans ce cadre que la classe politique mauritanienne mesure à sa juste portée la création d’une commission d’enquête parlementaire indépendante chargée de faire le point sur les dossiers de la décennie écoulée, sans édulcoration, sans ménagement, mais aussi avec toute la rigueur et toute l’objectivité requises . Une mesure qui sonne le glas de l’impunité en matière de gestion des biens publics et instaure une ère nouvelle de bonne gouvernance et de transparence de la chose publique, comme vient de réitérer sans ambages le président Ghazouany dans son discours de l’Aïd El Filtre.
Une rupture systémique qui s’est traduite aussi par l’ouverture politique aux partis de la majorité, de l’opposition, à la société civile, aux grandes personnalités indépendantes. Elle a été un facteur déterminant dans la réussite de la stratégie de lutte contre le coronavirus unanimement soulignée par les organisations compétentes dans ce domaine.
Un consensus qui doit, conformément aux vœux du président de la république, se raffermir davantage dans la phase post-corona où nous devons réinventer un futur nouveau, évoluer vers de nouveaux paradigmes, être en rupture par au monde d’avant. D’où la nécessité impérieuse de conjuguer les efforts, de dépasser l’esprit de chapelle et les intérêts partisans, de rompre avec des dogmes, des pratiques , des mentalités qui ne sont plus dans l’air du temps, pour nous hisser au niveau des responsabilités historiques qui nous interpellent.
Docteur Abdallahi Ould Nem
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