En politique, le style et la manière de gouverner doivent graver et incarner des pensées et une certaine culture, et non tracer uniquement des paroles et des actes. Le style, comme soulignait Buffon dans son célèbre discours devant l’académie française, est l’homme. Et l’Homme d’état, en particulier, doit souligner un certain style, une certaine ascèse même, parce que par essence, il est poursuivi par cette crainte obsédante de déchoir, que ne connaissent point les médiocres, toujours satisfaits d’eux-mêmes.
Certes en démocratie, le pouvoir se gagne par les idées et par un projet de société, mais il se garde, se maintient et réussit par le style, par une certaine culture sous-jacente dont le fil d’Ariane sont l’humilité, la tempérance et la sérénité. Dès qu’il a le courage de penser sereinement, c’est à dire loin du caractère illusoire de la puissance du pouvoir et de sa solitude, à l’abri des entrainements de l’apparence, des usages râpés, des habitudes hiératiques bien ancrées, des pressions du milieu social et de la société, de la stratégie improvisée et son lot d’ annonces tonitruantes et ses chétives incidences sur le terrain ; dès que chaque pas franchi et chaque décision prise sont en eux-mêmes un but en même temps qu’ils le portent en avant ; le grand chef d’Etat imprime à son pouvoir des qualités sublimes où l’intérêt suprême du pays est le seul objectif qui vaille. Tel est le style cohérent que le président Mohamed Ould Cheikh Ghazouany est en train d’imprimer graduellement et surement à la Mauritanie depuis sept mois.
Un style du pouvoir aux antipodes de la frénésie nihiliste, de l’improvisation et de la précipitation dans la prise des décisions, que nous avons connues, où les passions se déchainaient plus que les arguments objectifs ne s’enchainaient, où les slogans galvaudés étaient érigés en stratégie politique. Or, les slogans galvaudés à l’emporte-pièce ne construisent pas une nation, ils la détruisent au contraire à petits feux ; et agir ne veut pas dire se précipiter, encore moins s’agiter.
C’est pourquoi, le nouveau style du pouvoir mis en œuvre par le président Ghazouany est une hauteur et une altitude de l’esprit sous-tendues par la culture et puisées dans notre fécond système de valeurs. Il assure l’équilibre harmonieux entre la pondération calculée loin des impulsions qui conduisent aux excès, et la vision éclairée qui se préoccupe de l’avenir lointain, qui ont permis au pays d’ engranger, dans la mobilisation des pans politiques jusqu’ici adverses, des acquis importants dans un laps de temps très court. Avec lui, la Mauritanie a gagné non pas seulement sur le plan des acquis matériels, mais aussi, ce qui est plus difficile, sur l’échelle intangible des valeurs. La gestion présente de l’épidémie du virus Corona et les promptes mesures prises en sont l’illustration la plus accomplie de son style de gouvernance.
Docteur Abdallahi Ould Nem
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