Ils sont un groupe de fils de grandes tentes arabes, tous prétendument descendants d'Hassan Ben Aghil Ben Maaghil Ben Jaafar Attayar. Ces aristocrates d'un autre âge savent que leur lignage est un gros mensonge devenu obsolète, et qu'aujourd'hui, avec le progrès scientifique et technique, des moyens existent pour retrouver ses vraies origines. Une réunion est donc tenue afin de mettre un terme à ce leurre grossier et s'alléger les consciences trop longtemps alourdies par une mythologie bédouine loufoque.
Bousseif, le doyen du groupe ouvre la discussion. Très vite, une décision est prise à l'unanimité : le test ADN, c'est radical. Ce fut fait et le résultat tombe sans grande surprise. Ahmed est pachtoun, c'est vrai, il poilu ; Sidi est chleuh, il a le nez aquilin ; Amar est mongol, il a les yeux bridés ; A'ly est phénicien, il a la peau claire…Quelle mosaïque !
Nouvelle réunion et nouvelle discussion. Au menu, la suite à donner à la sentence génétique. Variante A, se disperser, chacun de leur côté, à la recherche de la paix acide désoxyribonucléique ; variante B, décréter la désintégration sociale suivie d'une recomposition consanguine, c'est-à-dire autant d'ethnies que de génomes.
Le diable est dans les détails, et quand les détails sont microscopiques, c'est la folie collective.
Attendez, nobles gens, si ce n'est qu'une question de sang, pourquoi ne pas envoyer en Jordanie, chez les Hachémites, en chercher et se faire transfuser ou à l'hôpital irakien ou à l'hôpital Cheikh Zayed, ainsi vous aurez suffisamment de gènes arabes ? Une autre folie mais sympathique.
Chers compatriotes, regardez devant vous et laisser tomber le passé lointain, la fantasmagorie antique. Et n'oubliez pas que l'Antiquité précède le Moyen Âge qui précède l'Époque moderne !
E.O.S
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