Bien qu’opposant farouche, Maître Ahmed Salem Ould Bouhoubeyni estime que les chances de succès de l’opposition mauritanienne lors des échéances électorales prochaines sont minces. En tout cas lui est peu optimiste pour ceux qu’ils estiment ses « amis » politiques. Il fait par contre montre de beaucoup de scepticisme. Pour lui ses "amis" de l'opposition courent déjà le risque d'un échec cuisant, et ce quelle que soit leur conduite : participative ou « boycottiste ».
"Je reviens à l'échec de l'opposition. Lorsque j'ai demandé à l'opposition de reconnaitre ses erreurs, de se regarder en face et d’agir en conséquence, j'ai notamment donné l'exemple des élections pour tirer les leçons de la "participation-échec «de 2009 et du "boycott-échec " de 2014, de telle sorte que toute participation ou boycott ultérieurs soient nettement plus efficaces que les précédents. C’est ce que j'ai appelé " tirer les conséquences des erreurs du passé" et que j'ai toujours réclamé. J'ai posé cette question il y a plus d'une année, lors d'une réunion du forum au siège de Tawassoul, en expliquant qu'on aurait bientôt des élections ; et que c'était le moment de traiter la question, de prendre les mesures idoines. Mais on m'a répondu que la question n'était pas à l'ordre du jour, et que ce genre de sujet, une fois abordé, risquait de faire éclater le forum. J’ai répondu que, si le Forum risquait d'éclater en abordant des questions sérieuses et inévitables, je ne voyais pas, personnellement, à quoi bon le garder ; à moins qu'il ne soit un trompe-l’œil pour faire croire à une coalition de l'opposition, alors qu'elle n'en est pas une.
Je crains que l'opposition soit, malheureusement encore, exposée, aujourd'hui aux mêmes scénarios. En effet, la participation de l'opposition aujourd'hui ressemble à plus d'un titre à celle de 2009 : les garanties de transparence sont absentes, l'opposition n'est pas impliquée dans le contrôle, elle n'est pas représentée à la CENI; elle arrive en retard sur un terrain déjà largement occupé par son l'adversaie, et qui, en plus, est en rangs dispersés avec des boycotts envisageables en son rang. Bref : le même scénario de 2009, les mêmes erreurs récurrentes.
Je comprends qu'il soit assez difficile pour l'opposition de justifier, sur le plan de la cohérence, sa participation actuelle, étant donné que les raisons qui l’ont poussée à boycotter, tout ce temps, sont encore présentes.
Néanmoins, je pense que la chaise vide est le pire des choix"1.
1 Ahmed Salem Ould Bouhoubeyni, Le Calame n° 1118 du 23 mai 2013, page 6.
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