C’était il y a plus de 40 ans. Des collègues et moi avons décidé de nous faire photographier. Et nous attachions beaucoup d’intérêt à l’opération, car il s’agissait de nos premières images en tenues militaires de futurs officiers.
Quelques dizaines de mètres après avoir franchi le portail de la garnison de l’EMIA, en direction du photographe, l’un de nous se rappela qu’il ne s’était pas parfumé. C’était mon cas aussi. Nous rebroussâmes chemin, lui et moi, vers nos chambres et mîmes nos plus beaux parfums, avant de suivre et rejoindre nos amis au centre-ville, dans la zone de Lebreiza, chez D… l’unique photographe de la ville.
Une semaine plus tard, à la récupération des photos, on n’y sentait aucune trace de parfum. Par contre, les moqueries de nos amis, elles, pleuvaient de toute part à ce sujet, nous ridiculisant.
Aujourd’hui, en voyant la « photo-boulimie » qui s’empare des vaccinés, ma naïveté refait surface.
Contrairement à la majorité des gens que je croise sur Facebook, je ne me suis pas fait photographier lors de ma prise du vaccin anti-covid. Cela suscite en moi des craintes : ne s’agirait-il pas d’une négligence de ma part qui risquerait de mettre à l’eau ma vaccination ?
La question est certainement bête. Mais la bêtise et moi nous formons un couple inséparable. Sa fidélité ne me fait jamais défaut, malgré les avances qu’elle reçoit de toute part.
Mais, sa générosité et son sens de partage, sans pareils, sont tels qu’il y a de la place pour tout le monde.
En effet, bien que très convoitée, la bêtise ne constitue pas un domaine, aux possibilités qui se réduisent sous l'effet de la concurrence et des tiraillements entre ceux qu'elle accompagne, mais plutôt un immense champ de rencontres sans limites. Voilà qui est rassurant pour son très bon état. Ou plutôt inquiétant, devrais-je dire.
El Boukhary Mohmed Mouemel
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