Une gentrification mal engagée/El Wely Sidi Haiba

La gentrification, ce phénomène d’embourgeoisement urbain ou de création de la petite noblesse, désigne une forme particulière d’enrichissement qui concerne les quartiers populaires et passe par la transformation de l’habitat, voire de l’espace public et des commerces. Elle est reconnue comme une bifurcation dans l’évolution sociale des quartiers centraux des grandes villes avec des conséquences sur les classes populaires, la plupart du temps évincées en périphérie.

 Les pouvoirs publics jouent un rôle de premier plan dans la réappropriation des centres d’habitat par les classes aisées au détriment des classes populaires y résidents depuis des temps immémoriaux.

En Mauritanie ce phénomène prend à Nouakchott, Nouadhibou et dans les capitales régionales relativement dynamiques des proportions sinon alarmantes, tout au moins inquiétantes. 

En plus de quartiers entiers rasés (ou plusieurs générations successives y ont vécu pour certains et vu le jour pour d’autres) avec un transfert de leurs occupants vers les lointaines périphéries de la capitale, des places publics, des écoles publics emblématiques, des casernes mythiques sont rayées et leurs terres concédées à des tierces personnes pour y élever des immeubles à usage de bureaux, des centres commerciaux et espaces d’exposition similaires.

 Mais hélas et ironie du sort, dans ces nouvelles aires ne s’affichent, s’exposent et ne se vendent que des produits  tous importés ; Aucune place pour un quelconque produit fini de fabrication locale ; Une honte après cinquante années d’indépendance et une épouvantable politique d’exploitation d’un incommensurable potentiel économique renfermant  toutes sortes de matières premières  (minerais, pétrole et gaz, produis halieutiques et agropastorales) de base traitables et transformables à la faveur d’une politique mesurée se souciant de la mise en place graduelle de structures industrielles appropriées et pérennes.

Petit à petit les nouveaux possesseurs des espaces dégagés restaurent à leur façon et caprices l'habitat physique de ceux qui sont dégagés dont par exemple les « blocs » et de la citée des « fanfares ». C’est après que ceux-ci rehaussent le niveau de vie de ces terres conquises avec toute la bénédiction des pouvoirs publics, ceux-là mêmes soumis à la pression croissante des rois du fric pour d’avantage de destructions des logements populaires au profit de cette course effrénée vers le haut de gamme affectionnées.

Encore que l’augmentation des prix du foncier s’est mise à chasser les classes inférieures vers des quartiers périurbains qui tant pour cela ne cessent d’étendre et de devenir de nouvelles périphéries excentrées souvent mal desservies par les réseaux de transport et souffrant de pénuries d’eau potable et d’électricité.

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