J’ai lu la missive faite, par l’ancien colonel, Cheikh Sid’Ahmed Ould Babamine, adressée, publiquement à ceux qu’il appelle « amis de la coordination de l’opposition démocratique ».
Même si l’homme est membre actif et déclaré, ayant présidé cette coordination, il opte, tout de même, pour une distance teintée à la fois d’élévation et de surenchère, en prenant, au passage, à témoin l’opinion publique, à travers l’éclat médiatique qu’il espère donner à un courrier, qui aurait du rester, pertinemment, un document interne ; et dont l’auteur lui souhaiterait, visiblement, atteindre une certaine audience, dont la bienveillance dépasse la frontière et la générosité d’une simple opposition locale, ‘’désargentée’’ et en plus, engluée dans ses fourberies mesquines et ses contradictions partisanes et personnelles.
Un officier qui tient des propos choquants désobligeants !
J’ai été, tout d’abord, profondément choqué, choqué pour vous, colonel, de votre sortie construite d’anathèmes, d’injures et d’indignités à l’adresse du président de la République de sa majorité et des partis de l’opposition, qui ont préféré la voie de la responsabilité à celle du déni et du boycott contreproductif de l’échéance référendaire qui vient d’avoir la confiance du peuple mauritanien.
Votre lettre est un peu un cri de désarroi, une mise en abyme, une dérive pathétique, un résumé, en somme, on ne peut plus troublant de l’état psychologique, non seulement d’un octogénaire, qui tente, vainement, de se draper de vertus et d’engagement politiques, qu’il ne s’en est, jamais prévalu dans ses âges de vigueurs, pourtant, à des moments difficiles que notre pays traversait ; mais aussi, traduit-elle, cette lettre, la déroute d’une opposition, en complète rupture avec la réalité et avec un peuple, pour lequel elle a été incapable de proposer la moindre ombre de projet de société.
La Mauritanie, qui se partageait en parcelles, par le cartel à qui vous adressez votre frustration, est finie. Si vos nouveaux maîtres, par quelqu’improbable résidu de pudeur, s’empêchent de vous édifier, le peuple mauritanien, saurait – si encore, colonel, vous arrivez à déchiffrer son ressenti- vous répondre.
Mais alors, ne suis-je pas, là, parti sur une piste de bonne foi, qui risque bien de me faire perdre votre chemin, je veux dire, l’instinct qui le balise et qui le mène inéluctablement en dehors de la sphère du peuple.
Colonel, auriez-vous mal compris ce qui se passe, dans notre pays, depuis quelques années, sous la présidence de Mohamed Ould Abdel Aziz, au point de le réduire, dans votre acception inconsciente intérieure, à une demeure privée au bout de l’imminence d’un péril dévastateur ? Je crains bien que vous seriez parti sur cette variation sémantique.
Les Mauritaniens vous comprennent, un peu trop, par leur refus manifeste pour le retour à un système de gouvernance similaire à celui qui prévalait, en 2005, tel que vous et les individualités, que vous défendez, aujourd’hui, tentez de rééditer.
Servir le peuple ou servir une oligarchie politico-affairiste
La notion d’une certaine Mauritanie, où un homme d’affaire, obnubilé par l’ambition démesurée, habité par un appétit légendaire pour l’enrichissement, ose s’évertuer à acheter auprès de sa classe dirigeante, la nomination d’un premier ministre, un gouverneur de la banque centrale, un ministre des finances, un directeur des impôts ou des douanes et autres transactions au service de sa chapelle financière, a été rendue obsolète avec l’avènement de Mohamed Ould Abdel Aziz.
Devrais-je, Colonel, vous assimiler à l’une de ces innombrables victimes de l’opposition à laquelle vous vous agrippez ? Auriez-vous perdu le sens de la mesure et de discernement au point d’espérer un avenir possible pour cette opposition ? Je m’en vais, colonel, vous le dire, que l’avenir de l’opposition à laquelle vous vous confondez désormais a été condamné, aux yeux du peuple mauritanien, par son passé peu glorifiant.
Il suffit, tout simplement, de convoquer le passé récent de cette opposition pour comprendre, monsieur, l’ampleur du malheur qu’elle a engendrée sur son passage. D’anciens ministres véreux, anciens dignitaires et faiseurs de rois, qui ont détourné des milliards d’ouguiyas, destinés, naguère, pourtant, au peuple dont ils se réclament, aujourd’hui, sont bien installés en première ligne au sein de ce que vous appelez ‘’ amis de la coordination de l’opposition’’.
Si le président que vous avez injustement vilipendé dans votre courrier avait accepté la collaboration de vos nouveaux compères, le pays aurait connu un atermoiement, sans lendemain, des innombrables projets structurants réalisés en si peu de temps, en l’absence, salutaire, cher colonel, de ‘’ vos amis de l’opposition’’.
Lorsqu’il a pris le pouvoir, en 2008, l’actuel président, à l’instar de tous les dirigeants qu’a connus le pays, s’est retrouvé en face deux alternatives : Servir le peuple ou servir une oligarchie politico-affairiste.
Il a fait son choix pour le peuple, renvoyant d’un revers de la main et avec détermination le mode de gouvernement qui a toujours été préconisé par ses prédécesseurs.
Il a gagné le cœur sincère du peuple. On a vu un peu partout, lors de la campagne référendaire, à l’occasion de ses sorties, ici, à Nouakchott et dans toutes les capitales régionales, un homme en phase avec son peuple, qui n’a cessé de se mobiliser avec toutes ses ardeurs, pour lui et par-delà les réalisations concrètes déjà entreprises et pour celles qui auront lieu sous son règne.
Autant ces plébiscites de campagne expriment l’attachement, de centaines de milliers de nos compatriotes, des Mauritaniens, mon colonel, à une certaine manière de gérer le pays, autant marquent-ils un rejet cinglant de la classe politique à laquelle vous vous identifiez et qui a opté pour le boycott de cette échéance.
Les dernières révélations au sujet de l’affaire des sénateurs ont montré à l’opinion de manière honteuse le niveau d’emprise exercé par certains milieux affairistes sur vos amis de l’opposition, enclins à rallier le diable pour déstabiliser le pays, espérant un chaos, qui leur accorderait un second cycle de vie, une nouvelle opportunité de pillage.
Une transition dont vous seriez le meneur ou le déluge
Pour revenir à la teneur de votre document, je retiendrais les deux possibilités, qui s’offrent à la coordination de l’opposition, telles que vous les avez suggérées, en filigrane, par moment, et d’une manière crue une autre fois : Une transition dont vous seriez le meneur ou le déluge.
Votre présence auprès des officines extrémistes, qui ne portent comme projets de société que la haine et la vendetta communautaristes, rend malheureusement bien crédible votre nouveau penchant contre la paix civile et la concorde.
L’officier que vous étiez, et dont vous avez perdu l’âme, hélas, par ce propos, semble avoir pris goût, là, aux méthodes politiciennes de ses nouveaux compagnons de (dé)route politique ; lesquels ont développé, depuis un certain temps, dans leur quête effrénée et jamais aboutie, une préférence intéressée pour les officiers, à la retraite, au moment, où ils affichent, le comble du paradoxe, une aversion pour l’implication du militaire dans la politique.
Parti pris pour le peuple, péril en la demeure
En effet, en 2008, le peuple a retrouvé, enfin, un homme qui allait porter sincèrement sa voix. Le péril gagna alors, la demeure. Celle de la connexion politico-affairiste, qui a cantonné le peuple quelques décennies dans l’ignorance, la maladie, la pauvreté, l’injustice, l’insécurité et la privation.
La même connexion, cher colonel, à laquelle vous proposez, votre surenchère, aujourd’hui. La même, dont vous souhaiteriez embrasser l’égo et compteriez sur sa magnanimité.
En 2008, quand, il est arrivé, au pouvoir, Mohamed Ould Abdel Aziz a pris, sans hésitation, aucune, parti pour le peuple mauritanien. Il s’est allié aux pauvres, aux déshérités, aux oubliés de toutes les politiques publiques, entretenues, quelques décennies durant, par des hommes que l’auteur de la lettre, objet de la présente réaction, souhaiterait convier à une refonte ‘’d’un état de droit, d’égalité, de liberté, de démocratie et de justice… ‘’
Les signes forts, qu’il a affichés, dès son accession au pouvoir, ont mis en mal, une connexion politico-affairiste qui s’est amassée, fortunes, prébendes, sinécures et passe-droits, celle-là même, dont la voix s’entend à l’évidence à travers le courrier de l’ancien colonel à la retraite.
S’agirait-il, colonel, de la demeure, qui abritait cette connexion ! ? Oui, mon colonel, il y a bien péril, en cette demeure. Vous venez de le découvrir, le péril ? Il a gagné la demeure, depuis cette époque de 2008. Vous auriez pu demander à vos commanditaires, aux véritables destinataires de votre message, ils vous indiqueraient l’adresse des demeures concernées par ce péril. Ce sont, mon colonel, celles, très personnelles, strictement privées, de vos amis et alliés de ‘’ l’opposition démocratique‘’.
Abdallahi Ould Ahmed Damou,
Conseiller à la présidence de la République
ahmeddamou@yahoo.fr
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