Tradition politique déficiente?/El Wely Sidi Haiba

Fades, le sont les programmes politiques de nos partis sans âmes, incolores et inodores sont-ils encore. Mais que ne font-ils pas pour creuser d’avantage cet aspect hideux et destructeur de leur image déjà imparfaite. Il faut comme le dit si bien la règle immuable du figh (jurisprudence) que ce sont les débuts épurés qui déterminent les fins. Or dans le cas du processus de constitution de nos partis (anciens et récents), les raisons et motivations ont toutes été les mêmes en rupture totale avec l’essence et les idéaux qui sont le ferment de la politique et vecteur la démocratie.

Si encore parmi les premiers partis, nés à la faveur de la colonisation, certains sont restés dans les anales de l’histoire politique du pays l’objet de vives apothéoses, il n’en demeure pas moins que les formations politiques solides avec un ancrage éprouvé dans les esprits ne meurent pas, ou tout au moins leur discours et leurs idéaux restent patents. Or ces partis d’avant et des débuts de l’indépendance ont tous été, sans appel ni concertation, mis à sac par le Président Moctar O. Daddah au profit du Parti unique du Peuple Mauritanien (PPM) sans que cela n’ait soulevé aucune révolte ni refus ou indignation ; Signe annonciateur et sans équivoque de leur déficience à l’origine, étant entendu que les formations bâties sur des idéaux solides bravent les totalitarismes et dictatures et tiennent, au-delà même, tête à tous phénomènes d’altération.

Plus un signe évocateur de ces partis ne se manifeste ni ne rappelle une quelconque action saillante de leur part. Certes nés de la volonté du colonisateur français, ils en ont pourtant gagné en encadrement éminemment structuré et judicieux à l’image de sa démocratie voulu modèle à ses colonies. Le discours de ces partis d’antan étaient portant plus vigoureux, leurs programmes mieux ficelés et plus porteurs d’espoir en l’avenir.

Et puis vinrent les militaires à la faveur d’une guerre que l’absence de la démocratie, d’une quelconque structuration politique éminente et le joug d’un parti unique avaient, unilatéralement sans consultation du peuple, motivé et à tord déclenché. Et même si ces derniers ne sont pas les premiers à tenir par la force les reines du pays, ils ont en tout cas contribué, avec l’appui complice de mouvements politiques en mal de pouvoir, à entrainer plus encore l’Etat fragile dans les méandres d’un marasme politique assassin et anéanti tout espoir de voir s’engager un véritable processus politique à même de mettre le pays sur les rails de l’émancipation et de la voie du développement.

Contrairement à tous les pays de la sous-région avec lesquels elle partage pourtant l’histoire et la géographie, et malgré qu’elle se soit trouvée emportée dans la tourmente des vagues tumultueuses des grands bouleversements du siècle et assujettie aux coups de boutoir de la mode démocratique mondiale, la Mauritanie reste aujourd’hui un pays sans tradition politique proéminente ni hommes référentiels de notoriété.

Et c’est malheureusement encore dans le champ de mire de l’improvisation et de la médiocrité que se concocte toujours l’action, appelée à tord, politique d’un pays laminé par les divergences de toutes sortes. Et rien ne prouve dans les faits théoriques et pratiques que le pays dispose d’une âme politique en mesure de se manifester et d’animer une action indispensable au règlement des graves et profondes crises politiques et socio-économiques qui couvent encore sous la cendre de discordes ainsi que de leur mauvaise appréhension.   

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