Le Professeur Zeinebou Mint Sidemou a eu la délicatesse de me dédicacer son ouvrage, Tfeila, la Grande mère est au Paradis. J’ai eu ainsi l’honneur d’être parmi les premiers lecteurs de cette œuvre de 434 pages, préfacé par le Professeur Mohamed Yehdih Tolba et postfacé par le regretté Mohamed Said Hamody. J’ai parcouru sans lassitude cet inépuisable trésor de sagesses, de contes, d’anecdotes, d’histoires, de toponymie, de typologie, de politique, d’échanges commerciaux, de troc, de récits sur l’esclavage, sur les caravanes, sur l’urbanisation, sur l’émancipation de la femme, de cours sur l’éducation, l’agriculture, la transhumance, le foncier, pour ne citer que ceux-là.
L’auteure, la petite fille de Tfeila plonge le lecteur dans un océan de mémoire vive, puisée dans la tradition orale des contes légendaires de sa grande mère. Elle s’exerce à transmettre, non sans humour, ce qu’elle observait et entendait dés sa petite enfance, à une génération actuelle bouleversée par un contexte tourmenté. L’auteure narre avec spontanéité son enfance, son parcours, le monde qui l’entoure et s’intéresse à la sauvegarde du patrimoine culturel légué par ses ancêtres, qui constitue pour ELLE (l’éducatrice), un recueil d’instruction civique et morale et un rempart contre les dangers et effets pervers qui hantent notre société.
Zeinebou, la petite Zéine, se souvient de la belle époque ou son icône de grande mère, Tfeila, un lieu de rassemblement incontournable de la famille, et des voisins, puisait dans son répertoire débordant et imaginatif, les histoires fabuleuses des animaux et celles de la sagesse populaire se rapportant au travail laborieux, à la bravoure, aux bonnes manières et à l’amour passionnant du terroir que l’on ne doit jamais abandonner.
C’est ainsi que dans l’un de ces extraits, elle relate un épisode de la période de contestation du Régime de Moctar Ould Daddah (qu’Allah l’accueille dans son paradis), par les jeunes Kadihines, dont certains, entrés en clandestinité, étaient fichés et recherchés par la Gendarmerie. Parmi ces derniers, une militante trouva refuge chez Tfeila : « Tfeila, décida d’empêcher les petits enfants curieux d’ébruiter la présence de l’intrus(e). Ainsi, à Zeinebou, la curieuse et qui pourrait mettre son nez partout elle dit : « je te donne la permission de passer une nuit chez ton père ». A ceux qui étaient moins éveillés, elle leur avait dit : « n’approcher pas cette chambre, il y a Oum Achrine Edhver, c'est-à-dire, (celle qui a vingt ongles).» Ce qui veut dire que le membre des kadihines refugié chez Ehl Ebbe était une femme si non la grande dame aurait dit Bou au lieu d’Oum. Avant de partir, Zeinebou était monté sur <
Par son récit autobiographique, le Professeur Zeinebou Sidemou, en bonne croyante, rend un vibrant hommage à Tfeila sa grande mère, son père Horma, son entourage et ses aïeuls conformément aux préceptes d’un Hadith du Prophète Mohamed (PSL) , qui affirme que « les meilleurs choses qu’un homme peut laisser, après sa mort, sont au nombre de trois : un enfant pieux qui invoque en sa faveur, une aumône continue dont la récompense lui parvient, et une science qui profite aux gens après qu’il soit mort » .
C’est un vœu de parents exaucé. L’œuvre de Zeinebou n’est elle pas une invocation de ces aïeuls ? A vos plumes les lecteurs.
A propos de l’auteure. Besogneuse, appliquée, et d’une rare modestie, la petite Zeine est la fille de Horma Ould Sidemou, un enseignent respecté, un poète audacieux et un politicien redouté. Elle porte un moment le sobriquet de Madame la prefette, du fait qu’elle est l’épouse d’un préfet, l’administrateur Saadna Ould Navee. Elle fut vice-présidente de l’Université de Nouakchott. Professeur de biologie, habilitée à diriger des recherches, Zeinebou est une femme de science, auteure de plusieurs publications scientifiques de grande valeur et récipiendaire de puiseurs distinctions honorifiques.
Ahmed Mahmoud Mohamed dit Jemal
Abuhamdi2@hotmail.com
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