Silence plaintif !

Silence plaintif !

  Une petite excursion comme celle que j’ai faite cet après midi, longeant le rivage au niveau de la pointe du Cap Blanc (Cansado), a suffi pour me rendre compte que les voix les plus expressives sont réellement celles où convergent les silences plaintifs de la nature. Pour autant elles ne sont pas audibles pour tout le monde. Hélas!

Quoi de plus évocateur qu’un endroit paisible, dominant une plage au calme à la fois profond et troublant, fascinant et triste ! S’y rencontrent le silence d’un océan aux houles agressées, affaiblies, à bout de souffle, et le silence d’un désert amaigri, érodé par l’action de l’homme, souffrant de dégradation, de rétrécissement aux endroits riverains de la mer.

Urbanisme, cité minière, activités de pêche… les font défigurer. Elles font taire leur silence naturel, authentique, qui chantait joyeusement l’existence dans cette presqu'île jadis paisible.
Leur silence d’antan dit maintenant autre chose : la destruction de l’environnement engendre une nuisance sourde et muette qui fait autant de mal que la nuisance sonore. Elles ont les mêmes causes : pression démographique, construction  d’infrastructures et mouvement d’engins artificiels qui peuplent espace et rivage.

À cause d’eux, les points et lignes de rencontre entre océan et continent sont perturbés. On n'y retrouve plus le silence qui faisait leur beauté autrefois. Ils ont perdu cette voix intérieure sereine de la nature qui parle fort et interpelle. Les brouhahas des citadins, les bruits des machines, les spectacles offensant du béton et son hégémonie territoriale…déforment le milieu et détériorent son calme.  

Moi qui aime écouter le silence et lire entre les lignes de son mutisme et ses bruits, sans intrusion, ni intervention extérieure, ça m’énerve qu’on agresse la nature de la sorte ! Je crains que les spectacles de désolation que j’ai vus à Cansado se soient répandus dans toute la Baie de Nouadhibou et dans beaucoup d'autres plages à travers le monde !

Malgré mes craintes, ou plutôt à cause d'elles, je continue d'écouter le silence. J'aime sa compagnie, surtout quand il est dépourvu d’artifices, quand il provient d’une nature propre, sans pollution. J’affectionne le silence né de l’union du Sahara et de la mer, celui des plages, où houles et océan caressent sable et sol du désert, librement, sans perturbateur artificiel.

Ces beaux paysages, on en trouve toujours le long du littoral mauritanien. Préservons-les.

 

Nouadhibou, mars 2015

El Boukhary Mohamed Mouemel

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