A un certain niveau, la polémique serait injurieuse surtout si elle est motivée par les susceptibilités nationales ; c’est pourquoi, je m’en garderai dans la réponse adressée aux propos puériles et peu diplomatiques du ministre libanais de la santé.
Un ministre, de par sa fonction, n’est pas titulaire d’un privilège qu’il utilise comme bon lui semble, mais le siège d’une responsabilité nationale qui engage son pays et son peuple. Surtout, quand il s’agit d’affubler par des propos peu amènes et dévalorisants, fondés sur des informations spécieuses et des qualificatifs à l’emporte-pièce, un pays souverain et un peuple dont l’apport civilisationnel est de notoriété publique pour ceux qui sont imprégnés peu ou prou de l’Histoire arabo-islamique ; et dont le ministre en question, en raison de sa singulière confusion intellectuelle et son imposture morale, n’en fait visiblement pas partie, contrairement à l’ossature des intellectuels libanais qui mesurent à sa juste valeur cet apport historique de la Mauritanie et les incommensurables progrès accomplis dans la voie de l’édification d’un Etat moderne.
Un apport historique amplement corroboré par un passé qui cumule, avec la gloire des conquêtes pour la propagation de la civilisation arabo-musulmane au Machregh, au Maghreb et en Afrique, le rayonnement de nos ulémas et nos érudits dans tous les confins de la Umma, le classicisme de notre langue arabe, le niveau de notre poésie et la richesse de nos bibliothèques traditionnelles en manuscrits anciens comme l’une des composantes les plus vivaces du patrimoine arabe. Une telle richesse historique ne saurait être occultée d’un trait de plume ou d’un mot injurieux sorti vulgairement de la bouche de quelqu’un peu respectueux de l’histoire, de la diplomatie, de sa fonction. A moins que l’exercice du génie et la culture de l’esprit, piliers de toute éloquence selon les Grecs, aient manqué cruellement à ce ministre. Dans ce cas, le gouvernement libanais est appelé à prendre la mesure qui s’impose à l’endroit d’un ministre qui ignore l’Histoire de la nation arabe, mais aussi la situation réelle d’un Etat membre, de surcroit organisateur d’un sommet arabe.
Et pour pallier à cette insuffisance grave, une mise à niveau succincte pour ce ministre est nécessaire quant à la situation actuelle de la Mauritanie.
Un pays qui s’est métamorphosé dans un laps très court, sur les plans socio-économique et culturel, comme le prouve le développement de l’infrastructure routière, de l’hydraulique, de l’électricité, de l’éducation, de l’enseignement supérieur ; un pays devenu un exemple de lutte contre le terrorisme et les trafics illicites, contrairement à beaucoup de pays de la région arabe et africaine ; un pays devenu le « numéro un » dans le domaine de la liberté de presse dans la nation arabe ; un pays retenu comme exemple de démocratie dans le monde arabe, d’exemple en matière participation de la femme et des jeunes.
Mais la Mauritanie, c’est aussi le pays arabe qui a connu ces dernières années des avancées substantielles dans le domaine de la santé à travers l’édification de grands hôpitaux dans toutes les régions ; la construction et l’équipement d’un hôpital moderne d’oncologie devenu un centre de référence dans la région ; la construction et l’équipement d’un hôpitalmoderne pour mères et enfants.
Toujours dans le domaine de la santé, le pays enregistre un recul notable de la prévalence des maladies hydriques, parasitaires et virales qui semblent préoccuper en particulier le ministre libanais de la santé. Bien que le risque zéro n’existe nulle part, il n’y a pas de différence significative sur le plan épidémiologique avec les pays de la région pouvant justifier que nos hôtes soient placés dans des conditions d’asepsie rigoureuse à l’abri de notre environnement ambiant. Même les ressortissants des pays scandinaves, habitants ou en visite en Mauritanie, n’ont jamais manifesté une telle doléance pour le moins saugrenue.
Docteur AbdallahiOuld Nem
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