Prix Chinguitt 2015 : Pourquoi les sciences et techniques sont absentes, comme l’art d’ailleurs ?

Suivant les textes en vigueur, l’institution ‘’Prix  Chinguitt’’ est composée de trois prix :

  • Prix Chinguitt pour les Etudes Islamiques ;
  • Prix Chinguitt pour les Sciences et Techniques ;
  • Prix Chinguitt pour la Littérature et les Arts. 

Elle est gérée par un conseil : le Conseil du Prix Chinguitt.  

 Selon plusieurs médias, celui-ci vient de rendre public les résultats de ses délibérations au sujet de l’attribution de ces trois prix au titre de l’année 2015.

Les lauréats sont :

  • pour le Prix Chinguitt pour les Etudes Islamiques : Seyid Mohamed Ould Beibé qui le partage avec Adel Brahim Brahim Al Awdhi ;
  • pour le Prix Chinguitt pour la Littérature et les Arts : Sidi El Moktar ould Sidi Mohamed El Hadi.

Quant au Prix pour les Sciences et Techniques, aucun nom n’a été retenu par le jury.

 Comment expliquer une telle absence ou plutôt ‘’carence’’ ? Par le manque de candidatures ou plutôt par la qualité trop modeste des travaux techniques et scientifiques présentés dans le cadre du concours?

Dans un cas comme dans l’autre, nous sommes en face d’une situation qui suscite des interrogations au sujet du prix lui-même : son essence, son organisation. Comment se fait-il que le Conseil n’arrive pas tout au long d'une année à déceler au minimum une seule personne et une seule œuvre méritantes ? Les sciences et techniques couvrent pourtant un espace infini de domaines, de techniques, de mondes... Rapppelons-nous que, selon les termes de la loi instituant le Prix Chinguitt, au sujet de ce point précis, le prix n’est pas limité aux seuls Mauritaniens : ‘Le prix Chinguitt pour les sciences et techniques a pour but : - d'honorer et de récompenser dans le domaine des sciences et techniques les chercheurs et inventeurs nationaux et étrangers » ; ( Loi n° 99-06 du 20 janvier 1999 instituant le Prix Chinguitt, art. 3.).  Selon la même loi, art.1, l’objectif est lerayonnement littéraire, artistique, scientifique et technique de la Mauritanie’’.  

C’est sur la base de cet objectif que sont sélectionnés, discutés et jugés les travaux qui passent, ou qui sont susceptibles de passer dans le Prix Chinguitt .

Or, en Mauritanie, comme partout ailleurs, ce rayonnement dépend de l’encrage du pays dans son environnement régional et de ses capacités d’assimilation et d’intégration de la culture et de la civilisation universelles. Cette interdépendance multi directionnelle et multi forme, fait que l’interprétation des textes ne doit pas être trop rigide et trop restrictive, s’agissant du contenu des travaux.

 Dans les deux autres prix, il y a peut- être lieu de repenser également les méthodes d’attribution, notamment en ce qui concerne le Prix Chinguitt pour la Littérature et les Arts. Bien que ce prix soit toujours pourvu, c'est-à-dire, que les candidatures pour lui ne manquent jamais, il est tout de même curieux de constater que, lorsque vous regardez dans toute la liste des lauréats, vous ne rencontrerez jamais d’artiste au sens professionnel du mot : ni cinéaste, ni musicien, ni plasticien, ni artisan …  Ce sont toujours des écrivains ou des poètes qui gagnent ce prix, alors que le pays regorge d’auteurs dont les talents ne se manifestent pas forcement en maniant la plume. À la place, ils expriment, leurs sensations, leurs émotions, leurs idées... au moyen de caméras, de pinceaux, ''d’enclumes et de marteaux'', de ''tidinits'' (luths) ou de ''neyfaras'' (flûtes)…

Pourquoi alors des noms, comme : Abderrahmane SissakoMokhis, Malouma Mint El Meidah, Oumar Ball, Marie-françoise DELAROSIÈRE, Isabelle Fiadeiro… ne figurent pas sur l’annuaire des auteurs lauréats du Prix Chinguitt ?

Au vu de de cette question et de tout ce qui précède, le Conseil du Prix devrait certainement ‘’revoir sa copie’’.

El Boukhary Mohamed Mouemel

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