Pourquoi notre opposition extrémiste perd-elle ses supporters ?

Pourquoi   notre   opposition  extrémiste   perd-elle  ses  supporters ?

C’est  un  lieu  commun  que  de  constater  que  notre  opposition  extrémiste  est  atteinte  de  langueur, qu’elle  tombe  en  déshérence,  faute  d’imagination  politique  et  de  pragmatisme. Elle  a  brulé  ses  réserves, elle  s’est  épuisée, et  sa  popularité  et  sa  crédibilité  s’en  trouvent  écornées  en  conséquence ; car  la  politique  n’est  une  pratique  sublime  qu’autant  qu’on  en  est  digne  et  conséquent  par  le  discours  et  l’action, et,  faute  de  grandeur, de  valeurs  et  d’objectivité, ses  hommes  la  rapetissent  et  la  faussent .

Tel  est  exactement  le  miroir   désolant  qu’offre  aujourd’hui  notre  opposition  extrémiste , avec ses désertions  individuelles  et  collectives,  conséquence  logique  d’une  série  d’erreurs  de  stratégie, d’infantilisme  politique  et  de  déni  patent  de  la  réalité  concrète.

Notre  opposition  extrémiste pâtit  intrinsèquement d’abord  de  l’artifice  de  son  architecture, fondée  sur  la  somme  algébrique  de  plusieurs  courants  et  de  personnalités  aussi  disparates  qu’adverses dont le seul  dénominateur commun   politique est l’animosité viscérale envers le président  Mohamed Ould AbdelAziz. Tous  leurs  talents  et  leurs  discours  sont à  cet effet mobilisés  et  consumés pour  amplifier  l’écume  de  chaque  évènement, le  sortir  de  son  véritable  contexte, au  lieu  de l’analyser de  manière  objective  et  approfondie ; tous  leurs  discours  portent  sur  des  sujets  subalternes et  irréels  où  se  disputent le  déni  des  réalités,  le  dénigrement  personnel, les  insultes  plates  et  vulgaires. Leur  seul  jeu  consiste  à  caricaturer  grossièrement  et  sans  preuves  l’adversaire  sous  les  traits  de  l’épouvantail. Or  l’homme  politique, surtout  dans  notre  système  de  valeurs,   n’est  grand  qu’en  tant  qu’il  est débarrassé  de  motivations  personnelles  dont  l’utilisation  comme  stratégie  politique  n’est  jamais  payante. Bien  au  contraire, leur  utilisation  abusive  est  toujours  répulsive ; elle  discrédite  aux  yeux  de  l’opinion  publique  leurs  utilisateurs, elle  est  toujours  perçue  comme  une  arme  ignoble  et  infamante , elle  est  toujours cause  d’échec  en  politique.

Notre  opposition  radicale  est  ensuite  frappée  par  la  maladie  infantile  de  la  politique : le  jusqu’au-boutisme.  Une attitude  pour  laquelle  la   politique  est  la  loi  de  tout  ou  rien, un  jeu  à  somme  nulle,  c’est  à  dire  qui  ne  peut  qu’être   gagnée  ou  perdue  sans  demi-mesure; alors  que  tout  l’art  de  la  politique  est  au  contraire le dialogue,  le raisonnement et  la  pondération,  la  conciliation  entre  le  souhaitable  et  le  possible, entre  la  tactique  et  la  stratégie, entre  les  moyens  et  la  fin  qui  sont  toujours  déterminés  par  la  conjoncture  présente.

Notre  opposition  extrémiste  est  enfin  victime  de  sa  propre  propagande, car  beaucoup  de  propagande  tue  la  propagande, aboutit  aux  antipodes  des  effets   escomptés ; et  on  n’évite  jamais  dans  ce  cas  le  choc  frontal  en  retour  des  réalités.  Surtout  des  réalités  tangibles  qui  sont  un  démenti  cinglant  à  leur  discours  nihiliste  et  à  leur  propension  pathologique  de  substituer  le  verbe  aux  succès  irréfragables, socio-économiques,  culturelles,  diplomatiques  et  sécuritaires.  C’est  pourquoi,   le  peuple  mauritanien, cet  observateur  chevronné  et  pétri  d’expériences, ne  le  sait  aujourd’hui  que  trop :  ce  que  dit  l’opposition extrémiste, ce  qu’elle  pérore  à  longueur  de  journée, est  dénué  de  tout  fondement, contraire  aux  réalités, n’a  plus  d’effet  mobilisateur. Cela  explique laegement  le  fossé, l’écart, l’immensité   de  plus  en  plus  large  qui  sépare  cette  opposition  extrémiste  et  le  peuple.

Cela  expliquerait  surtout  l’inexorable  processus  d’annihilation  dans  lequel  elle  est  entrainée  et  qu’atteste  éloquemment   la  perte  de  plus  en  plus  significative  de  ses  supporters  même  les  plus  proches.

 

Docteur  AbdallahiOuld  Nem

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