C’est un lieu commun que de constater que notre opposition extrémiste est atteinte de langueur, qu’elle tombe en déshérence, faute d’imagination politique et de pragmatisme. Elle a brulé ses réserves, elle s’est épuisée, et sa popularité et sa crédibilité s’en trouvent écornées en conséquence ; car la politique n’est une pratique sublime qu’autant qu’on en est digne et conséquent par le discours et l’action, et, faute de grandeur, de valeurs et d’objectivité, ses hommes la rapetissent et la faussent .
Tel est exactement le miroir désolant qu’offre aujourd’hui notre opposition extrémiste , avec ses désertions individuelles et collectives, conséquence logique d’une série d’erreurs de stratégie, d’infantilisme politique et de déni patent de la réalité concrète.
Notre opposition extrémiste pâtit intrinsèquement d’abord de l’artifice de son architecture, fondée sur la somme algébrique de plusieurs courants et de personnalités aussi disparates qu’adverses dont le seul dénominateur commun politique est l’animosité viscérale envers le président Mohamed Ould AbdelAziz. Tous leurs talents et leurs discours sont à cet effet mobilisés et consumés pour amplifier l’écume de chaque évènement, le sortir de son véritable contexte, au lieu de l’analyser de manière objective et approfondie ; tous leurs discours portent sur des sujets subalternes et irréels où se disputent le déni des réalités, le dénigrement personnel, les insultes plates et vulgaires. Leur seul jeu consiste à caricaturer grossièrement et sans preuves l’adversaire sous les traits de l’épouvantail. Or l’homme politique, surtout dans notre système de valeurs, n’est grand qu’en tant qu’il est débarrassé de motivations personnelles dont l’utilisation comme stratégie politique n’est jamais payante. Bien au contraire, leur utilisation abusive est toujours répulsive ; elle discrédite aux yeux de l’opinion publique leurs utilisateurs, elle est toujours perçue comme une arme ignoble et infamante , elle est toujours cause d’échec en politique.
Notre opposition radicale est ensuite frappée par la maladie infantile de la politique : le jusqu’au-boutisme. Une attitude pour laquelle la politique est la loi de tout ou rien, un jeu à somme nulle, c’est à dire qui ne peut qu’être gagnée ou perdue sans demi-mesure; alors que tout l’art de la politique est au contraire le dialogue, le raisonnement et la pondération, la conciliation entre le souhaitable et le possible, entre la tactique et la stratégie, entre les moyens et la fin qui sont toujours déterminés par la conjoncture présente.
Notre opposition extrémiste est enfin victime de sa propre propagande, car beaucoup de propagande tue la propagande, aboutit aux antipodes des effets escomptés ; et on n’évite jamais dans ce cas le choc frontal en retour des réalités. Surtout des réalités tangibles qui sont un démenti cinglant à leur discours nihiliste et à leur propension pathologique de substituer le verbe aux succès irréfragables, socio-économiques, culturelles, diplomatiques et sécuritaires. C’est pourquoi, le peuple mauritanien, cet observateur chevronné et pétri d’expériences, ne le sait aujourd’hui que trop : ce que dit l’opposition extrémiste, ce qu’elle pérore à longueur de journée, est dénué de tout fondement, contraire aux réalités, n’a plus d’effet mobilisateur. Cela explique laegement le fossé, l’écart, l’immensité de plus en plus large qui sépare cette opposition extrémiste et le peuple.
Cela expliquerait surtout l’inexorable processus d’annihilation dans lequel elle est entrainée et qu’atteste éloquemment la perte de plus en plus significative de ses supporters même les plus proches.
Docteur AbdallahiOuld Nem
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