Dans le domaine diplomatique, Il faut savoir se prémunir de toute réaction simpliste, sentimentale ou idéologique , lorsqu’on tente d’appréhender un évènement , comme la rupture des relations diplomatiques décidées par la Mauritanie, à l’instar de quelques arabes, avec l’Etat de Qatar. Il faut au contraire pour mieux appréhender sa signification et peser son opportunité situer l’événement dans sa perspective historique.
En effet, le « printemps arabe » a offert une opportunité historique à l’Etat de Qatar pour se positionner dans une diplomatie d’influence par le biais de sa politique de « la diplomatie de chèques », du rôle prépondérant de propagande assuré par sa chaine de télévision Al Jazeera ; un rôle facilité par l’échec des idéologies nationalistes arabes et par l’effacement de l’Arabie Saoudite, ce qui a laissé un vide, dont la nature a horreur, disponible et vacant dans la région arabe. Une occasion historique donc pour le Qatar qui lui a permis d’exercer un pouvoir d’influence, d’être un acteur influent et de faire main basse sur les organisations islamistes des pays arabes pour mener à bien ses ambitions politiques.
Des ambitions qui ne sont pas à un paradoxe près, car l’Etat de Qatar est resté empêtré dans des figures de contorsion que le schéma régional imposait à sa politique étrangère : un grand écart qui consistait le plus souvent à concilier l’inconciliable, l’eau et le feu, à ménager la chèvre et le chou ; à promouvoir la diffusion d’al Jazeera ou lui imposer le silence selon les lieux ou les circonstances ; accueillir le théoricien Frère musulman Al Ghardawi et la base américaine d’Al Uddaya ; être ami de tout le monde, même avec Les Iraniens, tout en bénéficiant de la protection américaine.
Un jeu subtil et pernicieux qui est en réalité une application ou la remise à jour de la célèbre doctrine de Kissinger qui consiste à voir dans l’éclatement des grands pays arabes au profit d’entités communautaristes atomisées un levier efficace pour garantir la sécurité d’Israël. Un jeu de déstabilisation de la nation arabe conduit sans état d’âme par le Qatar et son bras séculier, les Frères musulmans. Il a réussi en Lybie, au Yémen, en Syrie ; toujours poursuivi à travers l’interférence directe dans les affaires intérieures en Egypte, en Tunisie, au Bahreïn, en Arabie Saoudite, en Mauritanie, et la liste n’est pas exhaustive.
Il a fallu des années pour que ce jeu subtil ne s’éclaircisse, que le voile ne se lève sur les intentions éminemment dangereuses de l’Etat de Qatar dans le financement et l’encadrement médiatique des organisations terroristes et extrémistes, responsables de tout le malheur qu’offre aujourd’hui la région arabe. Y mettre fin aujourd’hui est une nécessité impérieuse, une obligation morale qui incombe à tous les pays arabes. La Mauritanie ne saurait être exempte.
Docteur Abdallahi Ould Nem
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