Mon cousin assume : je suis ennemi !

Révolté, il  l’est dans l’âme, mon cher cousin Mohamed Yahya. D’ailleurs, comme  rêveur et brillant manieur de plume, il ne pouvait faire autrement, les choix étant réduits.  Sa liberté d’écrivain et sa créativité sont à ce prix, quitte à déranger…

Bloggeur, journaliste et homme de lettres, il assume son statut de rebelle, d’ennemi, et le revendique haut et fort : « Le poète est plutôt ennemi que serviteur ou bouffon! », écrit-il.

Mais attention aux frontières ! Elles sont poreuses et mouvantes. Certains de nos « intellos » s’y perdent facilement, en effectuant des allers-retours incessants entre les trois catégories. Manifestement, pas de soucis de ce côté-là en ce qui concerne mon cousin. Par contre, si  crainte il y a, ce serait qu’il se démarque un peu  trop en s'accrochant solidement à l'option qu'il a choisie. 

El Boukhary Mohamed Mouemel

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Le poète est plutôt ennemi que serviteur ou bouffon!

« Quels que soient sa qualité, son niveau, sa finesse, sa capacité créatrice, son succès, le poète, pour la bourgeoisie, ne peut qu’être : serviteur, bouffon, ou ennemi ». À vous donc de choisir.

Serviteur, vous serez un docile fonctionnaire, un employé aplati, qui acquiesce à parole, à chaque geste, obtempère à chaque ordre.

Bouffon, vous vous réjouirez bêtement toutes les fois que votre patron sera cité, fût-ce en mal. Comme l’amoureux transi à l’évocation du seul nom de sa dulcinée. Sauf que là, il n’est rien d’enchanteur dans la marche gauche et honteuse parmi la cohorte des moutons menés cahin-caha vers l’abattage.

Ennemi. Qu’à cela ne tienne. De toutes façons, je n’ai jamais été de la troupe, je n’aime pas la foule, je suis un solitaire. Peu me chaut que vous mettiez en veilleuse votre conscience, que vous dormiez sur vos lauriers et que vous disiez : tout va bien ! Nous connaissons la suite, un chapelet de malheurs et l’optimisme niais des lâches qui ne veulent pas voir que le feu est, déjà, en la demeure.

Pour vous donner bonne conscience, vous faites votre propre critique, pour faire accroire à un esprit critique opportunément orienté et qui, in fine, aboutit invariablement à une même conclusion : l’enfer, c’est les autres. Pas tous, certains.

Je ne dis rien. Une phrase suffit, comme au début, du poème révolutionnaire éternellement jeune, Roque Dalton, martyr salvadorien : 
« Toute autocritique équivaut à un suicide ».

Source: Med Yahya Abdel Wedoud (Ould Ehel Bebbe).

 

 

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