Neutraliser est un terme de mission appartenant au langage militaire. Selon les règlements de combat français, cela consiste à mettre un ennemi hors d’état de nuire, en le tuant ou en le capturant.
C’est ce que réalise l’armée malienne depuis quelque temps, à en croire ses communiqués et déclarations. Selon ses sources, citées par l’AFP et RFI, la dernière victoire en date des FAMA (forces armées maliennes) remonte à deux jours. Le vendredi passé une attaque aérienne menée par l’aviation malienne « a permis de neutraliser 57 terroristes et détruit divers matériels, ainsi que la destruction totale de la base terroriste visée », rapportent l’agence de presse et la radio françaises.
Sans toutefois préciser si leurs ennemis furent tués ou capturés, les militaires maliens expliquent que les terroristes furent neutralisés alors qu’ils se déplaçaient dans des colonnes de motos. Notons que ce mode de déplacement n'est pas très fréquent chez les Djihadistes. Habituellement, ils ne progressent pas en groupes pour ne pas être une cible facile pour l’aviation militaire. Auraient-ils changé de perception de la menace en s’exposant bêtement, aux bombardiers ennemis ?
Ce serait vraiment une grosse bêtise de leur part ! Elle ne devait pas être leur unique erreur tactique ou stratégique : les FAMA leur auraient repris des villages sans combat.
Pourquoi se retirent-ils sans opposer la moindre résistance militaire ?
Les Djihadistes sont-ils devenus subitement cons et défaitistes face à des FAMA qui gagneraient de plus en plus en combativité et en efficacité ? On dirait !
Seulement, il est un peu trop tôt pour avancer sur cette piste. L'effet d’annonce, on doit s’en méfier.
En effet, dans le contexte malien actuel, où les belligérants sont multiples, la guerre de l’information a tendance à s’imbriquer très fortement avec les opérations sur le champ de bataille. Les autorités maliennes mènent le combat sur deux fronts : contre les terroristes, mais aussi et surtout sur le front de la communication contre les Français. L'ampleur de la crise diplomatique entre les deux pays fait que toute action militaire menée dans le pays par l’une ou l’autre partie est à observer sous ce double angle.
De leur côté, les terroristes ne manqueront pas d’exploiter la situation. Toutefois leur guerre intestine et sanglante, qui oppose actuellement le JNIM[i] (Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans) à l’EIGS (Etat islamique dans le grand Sahara), risque de les affaiblir, ne serait-ce que provisoirement. Les FAMA pourrait en tirer profit. C’est ce qui expliquerait peut-être leurs succès militaires, si rapide qu'inattendus dans les conditions géostratégiques actuelles, pour vu qu’ils durent et se confirment encore davantage.
El Boukhary Mohamed Mouemel
[i] En arabe : جماعة نصرة الإسلام والمسلمين, Jamāʿat nuṣrat al-islām wal-muslimīn.
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