Ah, non ! Cette fois, nous ne pouvons plus accorder à nos élites politiques le droit de ne pas se rencontrer pour dialoguer... Que perdraient les uns et les autres en s'asseyant autour d'une même table pour discuter des problèmes nationaux?
Ne nous ont-ils pas répété qu'une crise sévère empoisonne notre climat politique et que les patriotes de tous bords se doivent de tout mettre en œuvre pour empêcher cette crise d’hypothéquer notre avenir en tant qu’Etat souverain ? Est-il décent, dans ces conditions, que des acteurs politiques renoncent à cette rencontre dont le but est de remédier à cette crise ?
Sans m'ériger en donneur de leçons dans la discipline (la politique) que je connais le moins, je trouve qu'un dialogue, fut-il miné au départ, est toujours meilleur qu'une situation de blocage où les protagonistes refusent de se parler et d’essayer, chacun en ce qui le concerne, de s'entendre sur les principales conditions d'une cohabitation inévitable au cas où ils échoueraient à parvenir à une collaboration indispensable.
C'est dire que le dialogue auquel le Président de la République a convié les partis politiques ne peut être que bénéfique pour tous.
Il faut seulement que chaque formation politique lâche du lest et regarde les choses en face et en occultant les considérations personnelles qui anéantissent les perceptions nécessaires pour la construction des États...
On reconnait aux hommes politiques d’avoir leur manière de comprendre et de juger les opportunités mais on a toujours tendance à ne pas tenir compte de cette majorité silencieuse qui ne désire pas mieux que de vivre en paix, dans un Etat où le minimum de droits lui est garanti... Cette majorité-là n’est pas opposée au dialogue et les invectives que se balancent les beaux parleurs de la République ne sauraient l’intéresser. Elle en est même le plus souvent dégoutée.
Le système des valeurs qui a réglementé la vie des Mauritaniens depuis l'aube des temps doit être remis à contribution... Ces valeurs reposent sur le respect mutuel, l'entraide, la compréhension et, bien sûr, le dialogue.
Et à y voir de près, les arguments des uns et des autres ne sont pas du tout convaincants... Tout tourne autour d’une ridicule ‘’réponse écrite’’… Pourquoi les opposants donnent-ils tant d'importance à cette "réponse écrite" qu'ils présentent comme condition sine qua non à toute participation au dialogue ?
Et pourquoi les partis de l’autre côté refusent-ils de leur rédiger cette "réponse" futile ? Tout cela est bien dérisoire et les attitudes des uns et des autres sont presque enfantines...
Au-delà toutes ces manigances, les citoyens mauritaniens épris de paix et de concorde sociale ne peuvent pas éternellement rester cloués entre deux fronts qui se regardent en chiens de faïence...
Y a-t-il encore parmi un nombre suffisant de personnalités indépendantes (mais vraiment indépendantes !) pour constituer un comité de sages dont la noble mission serait de prêcher la bonne parole en faveur d'un dialogue franc, sincère et instructif, à l'issue duquel les Mauritaniens finiront par s'entendre sur l'essentiel ?
Il le faut bien car, autour de nous, nous avons tous vu où peuvent mener les positions dos à dos et les petites querelles de préséance.
Mohamed O Ahmed Meiddah
category: