Le constat des médecins et leur diagnostic sont sans appel : un mort, plusieurs déchirures de muscles et des plaies ouvertes, deux fractures, une à la clavicule et l’autre à l'avant-bras.
Les victimes : Sidi, un jeune charretier de 12 ans qui est mort durant son évacuation vers l’Hôpital Zaid ; quant à Hamza, son frère jumeau et compagnon, et leur ami et voisin Dah, eux, sont gravement blessés.
Ce dernier trompe souvent la vigilance de ses parents et de ses maîtres pour se soustraire à l’école. Il préfère accompagner Hamza et Sidi dans leur métier de sympathiques charretiers ramasseurs d’ordures plutôt que d’aller en classe suivre un enseignement insipide dans lequel il comprend peu de chose et qui ne suscite en lui aucun enthousiasme.
Pendant la chute des trois enfants, le grand sac qu’ils venaient de remplir de détritus est tombé par terre lui aussi. Outre sa fonction principale de contenant d'ordures, il leur servait de siège sur la charrette dont la surface métallique chauffe beaucoup quand le soleil est au zenith au point de risquer de brûler les fesses des trois petits ''passagers'' s'il n'y avait pas eu une telle protection.
Le sac renversé, les ordures se sont déversées et répandues sur le sol et contre les trois petits jeunes garçons, couvrant leurs visages et leurs habits de taches issues de déchets ménagers. Des odeurs nauséabondes insupportables s’en dégageaient.
Pourtant, c’est en contact direct avec ces ordures et mauvaises odeurs que les enfants passent tous les jours beaucoup de leur temps sans aucune précaution ou équipement de sécurité : ils y travaillent, s’assoient dessus, les manipulent à longueur de journée….
Le drame survint lorsque la charrette tirée par un âne fit collision avec un automobiliste. La bête indocile, peu encline au respect du code de la route, a brûlé un feu rouge, coupant la route à un véhicule qui se lançait à toute allure sur une voie perpendiculaire. Son chauffeur, Diallo, se fit complètement surpris par la trajectoire imprévisible de la charrette folle.
Abasourdi, il ne réalise jusqu’à présent pas comment il n’a pas pu éviter cet accident mortel malgré son attention et sa prudence connues de tout le monde. Ce n’était certainement pas par sa faute : les enfants s’amusaient et manquaient terriblement de concentration au point de perdre tout contrôle sur l’âne qui tirait leur plate forme à deux roues.
En pensant publier ce récit triste, je me suis posé la question : comment répondre à ceux qui me demanderont éventuellement plus de d’informations sur l'histoire dramatique que je viens de relater, pour ne pas dire d'inventer ?
Ma réponse : Il ne s’agit pas d’un cas isolé. Peu importent donc les détails. Peu importe également que l’événement soit réel ou fictif. Avec ou sans détails, avérés ou non, il révèle un phénomène grave au sujet de l’éducation d’une bonne frange de nos enfants : par ignorance et à cause de la pauvreté, leur avenir est totalement sacrifié afin de satisfaire des besoins de survie immédiats.
Il s’agit d’une forme d'esclavage particulier auquel sont réduits des enfants, beaucoup d’enfants. Il est pratiqué par leurs propres parents. On le rencontre essentiellement dans la communauté des haratins.
Est-ce une raison pour que personne ne s’en indigne ?
La première responsabilité dans ce mutisme complice incombe évidement à l’Etat.
Mais cela ne ‘’dédouane’’ pas les militants ou organisations des droits de l’homme, ni ceux qui s’en réclament à tort ou à raison, ni les acteurs ou partis politiques. Bien au contraire !
Où sont-ils passés, ceux qui font beaucoup de bruit en dénonçant ‘’l’esclavage’’ ou en brandissant ‘’l’étendard des droits de l’homme’’ ?
Pourquoi Birame et son ‘’ IRA ‘’ ne bronchent-ils pas face à cette question d’esclavage pratiqué par des haratins inconscients contre leurs propres enfants qu’ils envoient ramasser les ordures à dos d’ânes avec tous les risques et dangers que cela comporte ?
Pourquoi Aminetou Mint Moktar et ‘’SOS esclavage ‘’ se taisent-ils ?
Et Mesdames et Messieurs les dissidents d’IRA, ou d'autres organisations, comme Saad O. Louleid, son mouvement nouvellement créé et bien d'autres, n’ont-ils pas leur mot à dire vis-à-vis de cette question ?
El Boukhary Mohamed Mouemel
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