Le FNDU, entre le dialogue ou la sortie de l’histoire

Le FNDU continue encore à ressasser de façon lassante son refus absolu de rentrer dans un dialogue national sans préalables ni sujets tabous, même après les propos on ne peut plus clairs du président Aziz.

 Il n’arrive pas toujours à se départir de cette conception politique réactionnelle et irrationnelle, de l’engouement irréfléchi pour la dualité absolue et manichéenne entre pouvoir et opposition, celle qui privilégie les procès d’intention, qui apprécie le confort des tranchées, de  la ligne Maginot qui divise la classe politique d’un même pays en deux clans qui se heurtent et se blessent, au lieu de discuter et de chercher ce qui les rassemble pour le plus grand bien de notre patrie commune.

 Une position qui traduit toujours une cécité politique persévérante qui oublie l’essentiel pour le particulier, qui fait du particulier l’essentiel, des détails imaginaires la condition sine qua none pour tout dialogue ; qui conduit toujours à une démission de l’intelligence, à une imposture morale, à une vision politique jusqu’au- boutiste, et  à la sortie de l’histoire politique.

Car la politique, il faut l’accepter nécessairement, cela implique une contrainte de prendre parfois de nouvelles décisions dictées  par les conditions objectives et subjectives, par le rapport de forces sur le terrain,  par les intérêts suprêmes et par la conjoncture qui nous entoure ; autrement on est une « belle âme » et alors on ne fait pas de politique comme disait Sartre. Ou plutôt  la politique devient dans ce cas  un enchainement d’une continuité mécanique linéaire sans imagination  et sans grandeur,  sans véritable fil conducteur  ; elle reste bloquée dans l’indécision des choix non assumés, dans l’illusion dogmatique et le jusqu’au-boutisme qui deviennent les principes directeurs de l’action politique ; le calcul arithmétique des intérêts égoïstes devient la seule motivation ; la passion aveugle l’emporte sur le réalisme et la raison ; l’homme politique se sent alors et à tort affranchi de l’évaluation critique pourtant  indispensable pour tout processus mis en œuvre par les hommes.

En effet, il y’a toujours dans la vie de chaque groupe politique, ou même de chaque individu, des moments singuliers  où il est nécessaire  qu’on s’arrête, comme au milieu de son chemin, et évaluer, dans un moment de repos moral et de dialogue intime, son cheminement, ses points forts et ses faiblesses, s’il a laissé derrière lui sur sa route des acquis qui permettent de continuer sur la même lancée ou au contraire des erreurs qu’il faut corriger; autrement dit répondre objectivement à certaines questions simples mais fondamentales : Avons-nous  atteint les objectifs que nous nous sommes fixés au départ ? Quels sont les amis qui nous ont quitté chemin faisant ? Si oui, quels sont leurs griefs à l’endroit de notre processus ?

Sans grand effort d’analyse, il est aisé de constater qu’aucun parmi les objectifs que cette opposition radicale s’était fixée depuis le début n’a été atteint. Ni l’accès au pouvoir qui les obnubile. Ni  l’enthousiasme révolutionnaire du début qui s’est transformé en amertume révolutionnaire après l’échec cuisant du « printemps arabe » sur lequel ils ont fondé tous leurs espoirs. Ni l’élan populaire,  raison d’être de toute formation politique, qui se rétrécit comme peau de chagrin devant les réalisations sociales, économiques, culturelles, diplomatiques, sécuritaires que le pays continue à enregistrer sous la direction du président Mohamed ould Abdel Aziz.

En  insistant aveuglement dans cette voie bouchée,  la foi indispensable à tout engagement politique se retire ; la conviction qui l’anime s’émousse ; telle l’écrevisse, on avance  à reculons au début.  Puis les signes de la dégénérescence politique et morale apparaissent finalement et fatalement à jour frisant.

Une dégénérescence politique justement qui a amené des pans entiers, appartenant à la génération  des fondateurs de cette opposition, de reconnaitre  la crise existentielle dans laquelle elle s’englue désespérément. Ils ont décidé de rompre  avec  cette conception figée et dogmatique qui aplatit et rétrécit la vision politique, qui travestit  le sens de l’analyse, en  optant pour une approche nouvelle et constructive  de l’opposition ; une approche qui les intègre  à un paysage politique national plus vaste qui leur permet de contribuer par un dialogue responsable à l’émergence d’une nouvelle conception de la politique débarrassée de la face sombre de l’intérêt égoïste.

Une nouvelle conception de l’opposition fondée sur une certaine éthique qui permet de trouver, au-delà des divergences, un terrain d’entente, un « faire ensemble » pour un « vivre ensemble » au service d’un bien commun sublime : la Mauritanie. Un objectif sublime et exaltant qui ne sera pas affecté d’un iota par l’absence de ceux qui ont délibérément refusé d’y participer

                                   

                                    Docteur Abdallahi Ould Nem  

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