Le Dialogue, la voie inexpugnable sauf pour des résolus

"Le dialogue parait en lui-même constituer une renonciation à l’agressivité"  Jacques Lacan

Sans doute, le dialogue est la voie des braves. Ceux qui jaugent sa véritable dimension, évaluent sa portée et lui consacrent toute la conduite et l’attention requises. Ils sont certes peu nombreux mais dépassent en présence, en clarté d’esprit, en courage, en bienséance, en sagesse et en honnêteté, les fourmillantes cohortes qui en peu de temps s’agglutinent en grand nombre à toute intention de nuisance, mais qui se dispersent et se dissipent comme le brouillard au moindre appel à bienfait.  

En Mauritanie, le duel pour asseoir les bases d’un dialogue sociopolitique vertueux, entre engagés pour sa tenue et rompus à sa rupture, n’est point à armes égales et le terrain politique et intellectuel fort accidenté s’y prête mal.

Outre les maux internes archaïques d’une architecture sociale obsolète, ce sont les nationalismes exacerbés et étroits venus d’ailleurs, par leurs esprits étroits et leurs discours exclusifs, qui ont pignon sur rue. Déclarés pour certains et sournois pour d’autres, ils sapent tous les cas de figures d’un brassage culturel et interethnique qui, avant eux, se construisait pourtant lentement sans  tapage et sous le toit d’un islam unique et tolérant. Démentiront qui voudront, mais en se référant à l’histoire ils ne peuvent que s’incliner.

Sans doute qu’en dehors de cela, se posaient et continuent de  se poser de graves cas de violation de l’intégrité humaine dues aux fausses interprétations de la religion et/ou de l’obstination de pratiques et de croyances antérieures à l’Islam auxquelles sont soumis  de larges pans de la société qui peinent sous le joug d’une hiérarchisation inhumaine hérité d’un système de castes solidement ancré. Personne ne peut soutenir le contraire, sauf ceux qui banalisent ce cas gravissime qui menace les équilibres fragiles de notre société en ce 21éme siècle où il n’est plus possible de cautionner une face aussi hideuse que choquante.

Les chefs de file de partis politiques, de syndicats et d’organisations de défense des droits de l’homme jouent sans exception sur ce relief, en tirent leur force, y construisent et avec leurs arrières. Encore faut-il le souligner cela ne constitue pas dans les faits des convictions nationales fermes et moins encore des objectifs fondateurs à atteindre pour hisser le pays dans l’unité et la cohésion vers l’Etat égalitaire stable.

Cependant, plus le dialogue s’avère une nécessité impérieuse, plus les forces politiques et intellectuelles, aux intentions occultes et sans agendas précis en bloquent les issues.

 Ces esprits narcisses et belliqueux, ont choisi les solutions extrêmes, quitte à mener le pays droit dans le mur, vers sa propre déchéance.   

Et même si les motivations des uns et des autres diffèrent, il n’en demeure pas moins qu’elles convergent  malheureusement vers le blocage systématique des échanges, empêchant toute recherche de terrain d’entente. Avec eux, point de partage ou de tâches communes susceptibles  de servir le redressement du pays et l’affermissement de son unité; Tâches qui ne peuvent aboutir sans l’amour de la patrie, l’honnêteté intellectuelle, l’efficacité, le réalisme et l’éthique et la morale.

Quand donc se libereront,  du joug de ces leaderships ankylosés, des pelotons de jeunes politiques  aux  visions clairvoyantes, limpides et libres de tout préjugé et complexes, sachant appréhender tout l’intérêt du dialogue ? Comment imaginer autrement l’entente, et  la convergence nécessaires pour la construction d’un Etat juste et égalitaire, sans fausses barrières linguistiques ni culturelles, et encore moins politiques?

En Inde, la plus grande démocratie au monde, cohabitent sans tapage plus de trois cents cultures et autant de langues au coté de l’anglais jadis langue étrangère et, aujourd’hui, plus que jamais indoue.

Faisons comme en Inde et ailleurs. Respectons nos différences, apprenons nos langues, utilisons à bon escient le français et toutes les autres langues qui nous seraient utiles, sans, complexe ni exclusion. Nos langues, nos cultures et, au-delà, nos esprits ne devront qu’en bénéficier et, en conséquence, se porter bien mieux.

Les langues constituent un facteur incontournable de dialogue. Il n’y a pas de langues mortes, mais des cerveaux engourdis.

                                      El Wely Sidi Haiba

 

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