A la toute première des premières dames de Mauritanie*

Merci infiniment Mme la Présidente, Mariem Daddah.

Je vous envoie les photos jointes et le présent témoignage en guise de souvenir de mon passage tout à l’heure à la Fondation Moktar Ould Daddah. C’est une façon pour moi de vous dire combien je suis touché par la disponibilité et tous les égards avec lesquels vous m’avez reçu, vous et vos collaborateurs.

S’agissant des réflexions que cette rencontre m’a inspirées, je pense comme vous que le présent, ça n’existe pas. Il s’agit plutôt d’un point de rencontre mouvant, d'un va-et vient incessant, entre un passé discutable et un futur indéfinissable. 
Comme vous vous y attachez beaucoup, réunir et préserver les éléments constitutifs de la mémoire de la Mauritanie moderne contribue à réduire la volatilité de notre présent, à lui donner des couleurs visibles, en tout cas les moins fugaces possibles. Ces témoins et repères historiques que vous réunissez, en y mettant tout votre cœur, aident à le ‘’stabiliser’’, à le rendre plus lisible, à réduire les marges d’incertitude qui l’entourent.
  
Ils forment en effet de solides courroies de transmission entre les perceptions de ce que l’on a été et de ce que l’on deviendra, entre notre niveau des connaissances d’hier et celui de demain. Autrement dit : ces témoins historiques constituent un maillon essentiel dans le processus de production de notre savoir du présent. Mais comme dans tout système, certains maillons de la chaîne peuvent toujours lâcher.

Vous en êtes évidement consciente.

C’est ce qui explique le fait que vous n’aimez pas trop « l’idéoligisation » de l’histoire. Je ne suis pas loin d’avoir les mêmes sentiments que vous : quand on étudie l’histoire ou qu’on travaille sur la collecte de ses outils  (lorsqu’on ‘’historise’’, disent certains aujourd’hui), ce n’est pas forcement parce que l’on aime ou que l’on déteste ceux qui ont fait cette histoire, ou que l’on partage ou non leurs opinions. 

Vue sous cet angle, la pérennisation de la mémoire des artisans du passé, requiert que l’on prenne du recul vis-à-vis d’eux, de leur environnement, de leur époque. Une tâche difficile quand on a beaucoup côtoyé ces acteurs, quand on a partagé quasiment tout avec eux. 

Cela a été votre cas avec Moktar Ould Daddah (رحمة الله عليه). Une situation qui ne vous échappe pas. Mieux : elle vous pousse, me semble-t-il, à la prudence, à éviter de porter des jugements, et ce sans entamer en quoi que ce soit, ni votre engagement dans le travail de mémoire auquel vous vous livrez, ni les sentiments que vous éprouvez à celui qui a été et demeure l'homme de votre vie.

Pour la totalité des Mauritaniens et de ceux qui ont connu ou connaissent notre pays,  « almarhoum » Moktar Ould Daddah, votre mari, est incontestablement le premier des bâtisseurs de l’histoire de la Mauritanie moderne, quels que soient par ailleurs ses qualités ou ses défauts, ses erreurs ou ses bonnes œuvres. 
Cette vérité doit passer avant toute autre considération quel qu’en soit le mobil. J’ai senti ce matin, lors de ma visite de votre institution, que tel est le message de cette fondation qui porte son nom et que vous dirigez. J’y adhère totalement et et vous en félicite.

Merci, encore Mme la présidente.

Nouakchott, mercredi 4 mai 2016

Colonel (E/R)  El Boukhary Mohamed Mouemel

 

* publié le sam, 07/05/2016 - 22:54

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