La demande insistante entonnée par le peuple mauritanien pour supprimer toute limitation du mandat présidentiel est fondée sur le droit imprescriptible de la souveraineté du peuple, pierre angulaire de la démocratie.
Une souveraineté entière et non restrictive qui lui confère le plein droit d’élire un président, autant de fois qu’il le désire, ou de le changer, à chaque fois que bon lui semble, à la seule condition dans les deux cas que les élections soient libres, transparentes et démocratiques.
Cette liberté d’élire qu’ accorde la démocratie au peuple, c’est aussi sa liberté et son droit de réélire autant de fois, qu’ aucune restriction constitutionnelle ne peut entraver. Car la constitution, quel qu’en soit son degré de perfection, ne saurait constituer une œuvre rigide toujours parfaite. Elle est plutôt, comme la toile de Pénélope, un ouvrage jamais terminé, sans cesse amélioré, adapté au génie propre de chaque peuple et aux conditions propres de chaque pays, contrairement à un certain snobisme démocratique, ce tropisme intellectuel qu’ont certains pour singer des théories institutionnelles concoctées ailleurs. Des théories qui doutent de la capacité naturelle de nos peuples « de discerner la vérité » comme dit Montesquieu.
Une capacité naturelle pourtant accordée aux peuples nantis mais refusée aux nôtres, comme si nous sommes frappés par un crétinisme congénital qui nous empêche de discerner librement notre intérêt général et son contraire, un grand dirigeant et son antipode, le bon grain de l’ivraie, le froment de la paille destinée au feu.
Et c’est précisément cette capacité naturelle qui fait que le peuple mauritanien entonne aujourd’hui sans ciller la révision de la constitution pour supprimer la limitation des mandats présidentiels. Une doléance du peuple qui s’élève de partout. C’est un flambeau qui ne s’éteindrait jamais. Une voix qui ne s’arrêtera et ne se taira pas avant la satisfaction de cette doléance populaire.
Docteur Abdallahi Ould Nem
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