C’est une vraie prouesse artistique, le cocktail que vient de réaliser la jeune plasticienne mauritanienne, Fatima Mohamed Moussa. Une belle symbiose de symboles évocateurs de la portée et des origines lointaines de la crise profonde qui secoue le pays de l’Oncle Sam depuis la mort le 25 mai 2020 de George Floyd ; ce Noir américain asphyxié par un policier blanc sous le regard complice de collègues de ce derniers. Blancs eux aussi.
En effet, au-delà de l’acte criminel et abject, de ses conséquences politiques immédiates, Fatima Mohamed Moussa met en lumière une dérive dangereuse, aux facettes multiples, et aux origines lointaines, qui menace les États-Unis.
En apportant des touches extrêmement graves au monument américain le plus célèbre, la statue de la liberté change d’aspect sous son pinceau : porte un masque KKK[i]- et ce n’est pas contre le coronavirus ; tient un flambeau un peu bizarre[ii] dans sa main droite et la bible dans sa main gauche[iii] ; des flammes commencent à attaquer la base du support en béton sur lequel est fixée la statue, comme si les États-Unis brûlaient ; et en fin la tableau a pour fond une image floue du navire Mayflower[iv].
Je vous laisse imaginer le reste.
Néanmoins, ceux qui le désirent, pouurront se reporter aux informations et commentaires détaillés dans les notes de bas de page. Ils y trouveront des clés de déchiffrement supplémentaires pour le message que véhicule cette toile, aussi magnifique que riche en symboles profonds.
El Boukhary Mohamed Mouemel
[i] KKK (Ku Klux Klan) : un mouvement raciste et violent de suprématistes blancs. Fondé en 1865 il a commis des attentats et meurtres contre les afro américains. Bien qu’affaibli depuis la fin du siècle dernier, il continue d’exister sous forme de groupuscules homophobes criminels qui commettent parfois des attentats et cherchent à avoir une influence politique. Ces dernières années ces groupes ont repris de l’influence, stimulés par la montée en puissance des idées de l’extrême droite aux Etats-Unis et en Occident de façon générale. Lors des dernières élections présidentielles, ils ont voté pour Donald Trump.
[ii] Le flambeau : Il ne s’agirait pas réellement de flambeau, mais de flamme, comme celle qu’utilisaient les KKK pour incendier les maisons des Noirs américains.
[iii] La bible : Un clin d’œil à l’attitude provocatrice et décriée du président Trump lorsqu’il s’est rendu à pied à l’église Saint John à côté de la Maison Blanche, et y a exhumé la bible. Mais le fait que la statue tient le livre sacrée de sa main gauche révèlerait le peu d’intérêt qu’elle y apporte. Comme quoi, ici, on se sert de la religion comme outil de propagande, exactement comme fait Donald Trump et l’extrême droite de façon générale.
[iv] Mayflower : Un voilier qui amena vers le Nouveau Monde, en 1620, des dissidents religieux anglais qui ont décidé de fouir la répression de leur gouvernement. Au nombre de 120 au départ, ils perdent un marin en cours de route. Ils débarquèrent dans une région près de Cape Cod et de l'actuel Boston, sur des terres qui appartiennent à la tribu indienne les "Wampanoag". et y fondèrent l’embryon de ce qui deviendra les Etats-Unis d’Amérique. Ce sera le point de départ de l’extermination des Indiens et du développement de traites d’êtres humais à la plus grande échelle connue : la traite négrière.
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