Le 1er mai 2020 intervient cette année dans un contexte mondial particulier caractérisé par l’avènement d’une pandémie dénommée COVID 19 qui fait encore plusieurs milliers de victimes dans tous les continents. Nous nous inclinons à la mémoire de toutes les personnes qui ont perdu la vie et compatissons avec leurs familles et leurs proches en ces moments de douleur et de recueillement, sans oublier tous les malades sous surveillance médicale.
En effet, cette pandémie a fini de démontrer que la gouvernance mondiale actuelle dictée par la domination des capitaux et de l’économie du marché, imposée par les politiques néolibérales depuis la fin du siècle dernier, a conduit tout le système basé sur la dérèglementation des acquis sociaux et des droits fondamentaux au travail, de subir un cuisant échec d’une ampleur sans précédent. Le démantèlement des filets de sécurité et de protection sociales, la privatisation des systèmes nationaux de santé, l’exclusion des millions de travailleurs et travailleuses de toute assurance médicale, le recours à l’accumulation des bénéfices et des dividendes en faveur des plus riches, la paupérisation de plus de ¾ de l’humanité à travers des règles inégales du commerce mondial, sont les conséquences de ces politiques néolibérales imprimées à la mondialisation actuelle.
A l’instar des organisations syndicales unies au sein du groupement Global Unions, nous attirons l’intentionde notre gouvernement et de tous les gouvernements du monde, ainsi que des institutions financières internationales comme le FMI et la Banque mondiale,sur la nécessité de privilégier la coordination de leurs réponsesfaceà la crise mondiale économique et de santé publique. Dans les semaines à venir, les Réunions de printemps au niveau des institutions de Breton Woods, doivent donner l’occasion de planifieret coordonner la relancebudgétaire et monétaire mondiale, avec des réponses qui renforcent les systèmes de santépublique de première ligne, qui protègent les emplois et qui stimulent l’économie réelle. Une partie indispensable de cette riposte doit consister à fournir un soutien adéquat aux pays en développement, faute de quoi des vies seront perdues et la crise économique mondiale s’aggravera.Le groupement Global Unionsappelle à une émission de Droits de tirages spéciaux (DTS) accompagnée de la création d’un fonds fiduciaire des donateurs qui permette les transferts des DTS aux pays en développement, affectés spécifiquement à la relance de l’économie réelle, à la santé publique, à la protection sociale et à l’emploi.Les premières estimations de l’OIT indiquent une hausse significative du chômage et du sous-emploi dans le sillage du virus.
Avec les graves perturbations entraînées par la crise dans les chaines de distribution, les systèmes de santé publiqueet de protection sociale constituent les premières lignes de défense. Nous ne devons laisser personne de côté alors que nous formulons notre riposte, et devons donc construire une protection sociale universelle comportant des socles sociaux et une couverture médicale universelle. Il convient de généraliser le soutien au revenu afin de répondre au chômage croissant, sans que les travailleurs informels ou atypiques rencontrent d’obstacle pour y accéder. Le moment est venu d’une nécessaire ambition, qui ne laisse pas la place aux solutions parcellaires, aux programmes conçus de manière trop étroite qui excluent ceux qui en ont le plus besoin ou aux systèmes qui déplacent tous les risques du côté des travailleurs. Toute politique de relance devrait être conçue de manière à donner la priorité à l’économie réelle et à respecter les normes fondamentalesdu travail de l’OIT.
Dans notre pays, nous saluons l’initiative de Son Excellence, Monsieur le Président de la République, qui a lancé un appel à toutes les forces vives de la Nation afin de bâtir des plans de riposte et de sensibilisation au niveau de tous les segments de notre société face à cette pandémie. Les résultats importants et encourageants obtenus par notre pays dans le combat contre le coronavirus covid 19 sont à magnifier. L’élan de solidarité nationale mis en place doit être l’occasion de renforcer cette cohésion des forces vives autour d’objectifs largement partagés et bénéfiques à toute la population, sans discrimination aucune. A cet égard, les services publics spécialisés dans l’assistance humanitaire ainsi que les organismes de même nature doivent jouer le premier rôle dans la distribution des appuis aux populations, en toute transparence et dans l’équité et l’égalité entre tous les citoyens.
Des centaines de milliers de travailleurs du secteur public, du secteur privé et de l’économie informelle, ont vu leurs activités décroître sinon s’arrêter brusquement, exposant leurs familles au dénuement total et à des risques aggravés face à cette pandémie. D’autres catégories de travailleurs dont les travailleurs migrants, sont abandonnés à leur sort, sans aucune assistance et laissés en rade par le plan de riposte sanitaire et alimentaire mis en place.
La CGTM rappelle ses revendications d'un chômage indemnisé à 100% de la rémunération, la couverture sanitaire générale, une protection sociale universelle, l'interdiction des licenciements à quel titre que ce soit ainsi que la suspension des plans de suppression d’emplois, la mise en place dans toutes les entreprises de commissions santé, sécurité et conditions de travail dotées de réels pouvoirs d'intervention, la reconnaissance d'un état de catastrophe sanitaire permettant de mobiliser le secteur assurantiel, la suspension des versements des dividendes aux actionnaires des sociétés publiques et parapubliques.
La CGTM exhortele gouvernement à privilégier la gestion des plans de riposte face au COVID 19 dans un cadre d’un partenariat social impliquant les travailleurs, les employeurs et ce à l’échelle nationale et territoriale mais aussi au niveau des entreprises publiques et privées. Les travailleurs et travailleuses de tous les secteurs professionnels sont les plus vulnérables et les premiers à payer les risques directs liés à la pandémie à travers des pertes d’emplois et de revenus et de santé, particulièrement dans les branches suivantes : Hôtellerie, Restauration, Tourisme, Transport, Pêche, Sous-traitance, Emploi domestique, Bâtiments et Routes, Docks etPorts, Transport aérien, Economie Informelle, Personnel de la Santé, entre autres.
La CGTM renouvelle son appel à une large prise en compte par les travailleurs et les travailleuses, des mesures sanitaires édictées par les services de la santé de notre pays.
La CGTM rappelle une fois de plus qu’il est temps, surtout en cette période d’érosion des emplois, que des négociations sociales tripartites soient tenues entre les partenaires sociaux afin que des solutions adéquates soient trouvées pour une meilleure reprise économique et sociale dans le pays.
La CGTM félicite les travailleurs et travailleuses de notre pays à l’occasion de la fête internationale du travail, laquelle, malheureusement, ne sera pas célébrée par des rassemblements de masses et leur demande de bien respecter les consignes sanitaires en vigueur.
Nouakchott, le 20 avril 2020
Le Comité exécutif de la CGTM
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