L ’éducation : le futur de nos enfants au présent

  L’éducation est l’action d’instruire et de former dans une société donnée aux différentes formes du savoir. Dans notre pays, l’image stéréotypée de l’éducation se résume au manque d’infrastructures, aux séries de réformes qui n’ont pas apporté de résultats satisfaisants et au faible niveau du personnel d’encadrement ; pour ne citer que ceux-là.

Les diagnostics standards de la crise du secteur se focalisent essentiellement sur les aspects matériels, humains et on relègue au second plan la finalité, l’objectif et la nature même de ce qui doit être enseigné. Alors qu’un système éducatif reflète avant tout un choix de société. Il confirme l’attachement à des valeurs civilisationnelles précises.

Donc l’action de transmission du savoir ne peut être désintéressée. Elle porte en elle les germes déterminant les comportements socio-culturels des générations à venir. L’adoption et la promotion d’un projet de société  nécessite  la définition de la nature de l’éducation à dispenser et  la précision de l’objectif souhaité.

La crise de notre système éducatif, contrairement à l’évaluation du technicisme ambiant, ne se réduit pas seulement aux manques de moyens matériels et humains, ou à un choix de langue inopportun ; elle est aussi  culturelle, sociale et politique.

Actuellement nous sommes  devant deux modes de pensée dominants qui reflètent, chacun, une acception spécifique du monde : la vision islamique et le modèle occidental. Ce dernier a adopté depuis une longue période la laïcité comme valeur cardinale. On instruit et on forme des générations qui excluent le référentiel religieux de leur mode de pensée et d’action. Donc la promotion d’une société laïque où la liberté de penser et d’expression n’intègrent point de limite au respect du fait religieux.

Cet état de fait est le résultat d’un long cheminement philosophique qui a commencé depuis le siècle des lumières, consacrant le doute cartésien et, bien plus tard, le marxisme, l’existentialisme et l’absurde - entre autres -comme fondamentaux de la pensée occidentale. L’empreinte de ces philosophies sur l’éducation à l’école publique a été marquante pour des générations entières, en ce sens qu’elle a consacré pour elles la sacralisation  de la laïcité et la banalisation de la spiritualité. Il n’y a plus de place pour la foi dans la gestion de la cité. La rupture entre le temporel et le spirituel est définitivement consommée.                                         

Face à cette conception laïque du monde, à forte connotation athée et triomphante grâce à l’expansion économique occidentale, un projet de société Islamique porté par des peuples affaiblis par une longue colonisation. Ce projet a pour fondement une vérité absolue qui n’accepte point de doute.

L’unicité de Dieu, la foi en son message révélé au sceau des prophètes Mohamed (PSL) en sont le postulat de départ. Il est prescrit sans équivoque dans le Livre saint, le Coran, que la finalité de notre existence se résout à l’adoration de Dieu.

Partant de cette conviction, la mission première de l’école en terre d’Islam est de se conformer à cet impératif religieux. Malheureusement notre système d’éducation a connu plusieurs réformes mais aucune d’elles n’a su traduire en profondeur cette injonction spirituelle.

La prégnance de l’héritage culturel colonial continue de marquer  de manière indélébile en nous  une perception matérialiste de l’éducation  entretenant ainsi un formatage intellectuel qui porte ombrage à la nécessité d’une finalité spirituelle pour celle-ci.

Il est grand temps après quelques décennies d’Indépendance, que nous démêlions les écheveaux pour que notre Identité culturelle se mette en exergue pour distinguer quel mode d’éducation et de culture convient à notre société à la lumière de son capital civilisationnel.

Sachant que notre histoire, différemment des autres, n’a pas connu de contradiction entre le Spirituel et la Science ou une lutte de classe, l’une contre l’autre, tout au moins dans les principes fondateurs de notre culture. Le premier verset révélé au Prophète (PSL) « Ighraa » est une injonction à la lecture et à la fois une invitation à l’acquisition de la connaissance. La singularité du processus historique de notre culture ne peut  en aucun cas se confondre avec une vision issue d’un cheminement historique opposé.

Il s’impose à ce stade de se poser des questions existentielles pour mieux éclairer les choix à faire:

Qui sommes nous et ensuite savoir quelle liberté de penser et d’expression nivelées aux normes qui sont les nôtres ?

Ces interrogations peuvent, grâce à un système éducatif approprié à notre substrat culturel, trouver des esquisses de réponses, qui permettront aux générations futures de mieux comprendre et de bien gérer les interférences culturelles extérieures, leur évitant ainsi à la fois une perte d’identité culturelle ou de tomber dans l’escarcelle de l’extrémisme à la faveur d’une aspiration de retour aux sources mal éclairées.

L’école peut donc constituer un rempart solide pour sauvegarder les valeurs civilisationnelles mais aussi pour préserver l’harmonie et la paix sociales.

Mais de quel genre d’école avons-nous besoin pour remplir cette noble mission ?

Notre pays connait jusqu’à présent deux systèmes d’éducation concomitants : l’école dans sa forme actuelle héritée de la colonisation a permis l’émergence d’une élite ouverte à la culture occidentale et tolérante à certains de ses idéaux.

Une grande majorité de Mauritaniens ont rejeté cette forme d’éducation, non pas qu’ils soient réfractaires à de nouvelles connaissances, mais le contenu de certaines d’entre elles présente des risques de dépravation culturelle fatale à leurs fondements spirituels.

L’histoire récente de notre pays a justifié d’ailleurs, et à juste titre, cette prudence et cette méfiance car la plupart des courants marxistes et laïcs des années Soixante et Soixante Dix sont issus de cette institution.

La deuxième forme d’école qui continue à drainer une grande partie de la jeunesse est la Mahadra. Elle a constitué un bouclier fort pour limiter l’influence culturelle coloniale et défendre l’homogénéité civilisationnelle du pays.

Elle a représenté aussi pour certains une forme de résistance culturelle pacifique et pour d’autres, après l’indépendance le refus de démission au prix de rester en marge des  avantages inhérents à la gestion des affaires de la cité.

En conclusion le rôle et la mission de l’école doivent être définis impérativement pour savoir quel type de société voulons nous édifier pour demain et quelle place pour notre foi dans la gestion de notre quotidien au-delà de slogans creux ?

Une nouvelle réforme de notre système éducatif  serait opportune pour mettre fin au parallélisme entre la Mahadra et l’Ecole publique, permettant ainsi leur intégration, et par ricochet, la réconciliation de beaucoup de Mauritaniens avec cette éducation dite officielle.

En tout cas, l’avenir de notre pays sera aussi tributaire de ce que nous ferons de l’éducation de nos enfants.

Et comme le disait autrement feu Moktar Daddah : « La Mauritanie sera ce qu’en fera sa jeunesse».   

Mohamed Salek  Deida

E-mail :cricom2015@gmail.com

Tel:22656261

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