On s'attendait à que Mohamed Ould Bouamatou réagisse aux accusations marocaines au sujet de son implication dans la falsification de passeports marocains portant les noms du Président mauritanien et d'un membre de sa famille et/ou dans de la publication d'images de ces passeports sur les réseaux sociaux. C'est désormais fait. La réponse est tombée aujourd'hui dans l'après midi. Est-elle convaincante?
Le doute est vraiment permis. La ligne de défense de Bouamatou semble à première vue fragile, voire contre-productive. Deux arguments, que son avocat avance, le laissent penser:
1. "Bouamatou ne possède pas de compte sur les réseaux sociaux". Est- ce suffisant pour empêcher un homme manœuvrier de ce niveau, un homme très au fait des NTIC, un homme aux capacités immenses, d'utiliser ces réseaux? La réponse est évidente.
2. "L’avocat soussigné appelle les autorités marocaines à examiner ces allégations diffamatoires avec sagesse et recul, condition pour se prémunir contre toute tentative extérieure d’instrumentalisation, tant M. Bouamatou fait l’objet de persécutions éhontées de la part des autorités mauritaniennes, depuis tant d’années."
Cet argument est grave. Pour l'avocat, le Maroc est tombé dans un piège d'instrumentalisation tendu par la Mauritanie. Un argument qui risque tout simplement d'être contre-productif. Insultant pour le gouvernement marocain, ce genre d'accusations implicites devait produire l'effet inverse. Pour éviter son impact négatif sur les Marocains, l'avocat a essayé de jouer au "petit malin". Il a évité d'accuser ouvertement le Maroc, préférant tourner autour du pot en faisant des insinuations malveillantes plus ou moins voilées.
Tel sont en substance les points clés de la déclaration signée par l'avocat et associé politique de Bouamatou, le Français William Bourdon, qui est le patron de l'ONG Sherpa dont une partie non négligeable des financements proviennent de l'opposant et richissime homme d'affaires mauritanien.
Pour qui connaît le caractère peu désintéressé des liens entre les deux hommes, le rapport de l'avocat et de son client mauritanien à l'argent explique l'engagement politique très fort de Bourdon et son ONG au côté de leur financier. C’est sous cet angle qu'il y a lieu de voir leur acharnement contre la Mauritanie et contre son président Mohamed Ould Abdel Aziz..
El Boukhary Mohamed Mouemel
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Déclaration de l'avocat de Mohamed Ould Bouamatou
"Paris, le 21 décembre 2018
L’avocat soussigné a appris aujourd’hui avec étonnement l’ouverture d’une enquête judiciaire contre son client M. Mohamed Ould Bouamatou par les autorités marocaines sur la prétendue diffusion par son client d’images de passeports marocains censés appartenir notamment au président mauritanien M. Mohamed Ould Abdel Aziz.
L’avocat indique que son client s’inscrit en faux contre ces prétendus agissements et assure n’avoir jamais diffusé de telles images. M. Bouamatou défie quiconque de lui démontrer le contraire. Il eut été totalement absurde et irrationnel pour lui, compte tenu des contentieux lourds qui l’opposent au régime mauritanien, d’agir de la sorte.
M. Bouamatou n’a jamais fait fi de son opposition à l’actuel régime mauritanien comme il l’a démontré en août 2018 en diffusant un « Appel à la résistance par la désobéissance civile ». M. Bouamatou est un opposant reconnu au régime mauritanien, le restera et l’assume complètement. Il continuera à le combattre par toutes les formes pacifiques et légales. Sa seule ambition est que la démocratie, la bonne gouvernance, l’Etat de droit triomphent un jour en Mauritanie.
L’avocat soussigné rappelle que M. Bouamatou ne possède pas de comptes sur les réseaux sociaux si ce n’est un compte et une page Facebook qu’il n’utilise pas et n’alimente pas. Il a par ailleurs déjà, par le passé, été victime de comptes factices ouverts à son nom, certains ayant ensuite été fermés par Facebook à sa demande.
M. Bouamatou se tient prêt à répondre aux autorités marocaines dans le cadre de cette enquête et rappelle son profond attachement pour le peuple marocain et la plus grande considération qu’il a pour les institutions du Royaume du Maroc, où il a vécu pendant plusieurs années dans le strict respect de la loi marocaine. L’avocat soussigné appelle les autorités marocaines à examiner ces allégations diffamatoires avec sagesse et recul, condition pour se prémunir contre toute tentative extérieure d’instrumentalisation, tant M. Bouamatou fait l’objet de persécutions éhontées de la part des autorités mauritaniennes, depuis tant d’années.
Me William Bourdon
Avocat au Barreau de Paris. "
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