Implacables mots...

Elle a explosé, hier, la brumeuse. Je faisais une sieste vespérale, quand sa déflagration me réveilla. Un éclair fendit le ciel de mon esprit ; je vis les éclats se désagrégeant, en une infinitude de fragments. Fragments d’une blancheur pure, qui illuminèrent des paysages antiques dans moi. Je les ai reconnus, à travers les mots, qui, en soupirs, surgirent des fragments luminescents, et vinrent s’incruster, chacun sur un paysage. Je reconnus des lustres antérieurs, j’en comptai trois et même une fraction du quatrième. Je dévisageai des mois tous récents, d’un hier si proche, qu’ils se confondirent avec la sieste précédente. Un territoire antique se lit en moi. J’y aperçus, pourtant, une existence toute fraiche.

J’essayai de bouger, de faire quelque chose, d’intervenir un peu sur la scène, puisque c’en était une. Une scène. Rien à faire. Implacables mots. Ils prirent racines dans un moi lointain, qu’ils cousirent avec un autre, plus récent, puis relièrent le tout avec d’autres dans des stations intermédiaires.

Pourtant, je n’ai souhaité bouger, quand j’ai voulu intervenir, que pour réajuster les mots, en laissant quelques-uns hors scène, en déplaçant d’autres vers d’autres époques, d’autres univers, mais, j’ai abdiqué et admis ma défaite.

Abdelvetah M'Hamed Alamana

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