Est-ce un mauvais raccourci politique que de semer la confusion et pêcher en eau trouble ?

Moi, la mal bouffe et la mauvaise littérature, je ne les boycotte pas. Bien au contraire ! J’aime bien McDonald's et KFC. Comme je passe beaucoup de mon temps à manger dans des assiettes aux couleurs  de la ‘’mal lecture’’ dont pullulent livres, publications et médias.

Par contre, je boycotte le dialogue entre acteurs politiques; je boycotte les élections; je boycotte leurs résultats; je boycotte les programmes et débats politiques profonds que je trouve compliqués et inutiles;  je boycotte toute rencontre, toute cérémonie, toute activité qui émanent des gens avec je suis en désaccord…  Bref : démocratie et diversité, je n’y crois pas trop. Mais je vous fais une confidence : je ne l’avoue jamais.

 ‘’ Malhonnête ‘’, me tacleront naïvement les mauvais joueurs qui n’ont rien compris au jeu démocratique. Sans une telle précaution de prudence de ma part, comment voulez-vous, en effet, que je  justifie le  statut de ‘’grand démocrate’’, que je revendique haut et fort, avec un certain succès d’ailleurs !

Vous l’aurez certainement compris : je veux m’engager en politique en rentrant par une porte efficace dans cet immense terrain de lutte immorale, où le machiavélisme fait la loi par définition, où tous les coups sont permis. Pas la porte verte de l’écologie, ni celle des débats d’idées riches et sereins, mais plutôt par le chemin sombre de la confusion.

J’y peins tout en noir sur mon passage, en couleurs de désespoir, de détestation, de discorde, de haine ; méconnaître contrastes et nuances, refuser la différence, blâmer l’autre, le contester, le rejeter, éteindre toute voix dissonante dans mon camp, étant l’angle d’approche que j’ai discrètement choisi.

C’est vrai cependant que j’ai du mal à cacher toujours mon choix ; et cette incapacité à couvrir mes vrais intentions et mobiles de masques impénétrables me gène parfois beaucoup. Néanmoins, comme tous les irréductibles, je maintiens le cap : ce n’est pas à moi de changer; c’est aux autres; c’est au monde d’être à mon image.

La voix des politiciens sans voie me parait la meilleure. Par exemple : ils m’intéressent, les discours et méthodes simplistes de ceux qui instrumentalisent la religion, la race, la tribu ou les croyances populaires, qui surfent sur les flots et sentiments de peur ou de nationalisme chez leurs concitoyens, pour arriver à leurs fins. 

Leur perception et certitudes superficielles constituent sans doute le chemin le plus court, le parcours le moins exigeant en termes de vision stratégique, de capacités intellectuelles, pour quelqu’un de prétentieux et sans grande profondeur. Pêcher en eau trouble est la voie qui lui permet de brûler les étapes pour réaliser ses ambitions personnelles, sans grands sacrifices, sans gros efforts, sans contraintes morales, de sa part.

Ce chemin présente effectivement un double avantage pour celui qui l’a choisi : assurer des échos forts qui le sortiront rapidement de l’anonymat, sans qu’il ait forcement besoin de faire preuve de visibilité quant à ses idées et programmes.

C’est ça aussi la politique parfois : faire beaucoup de bruit, comme un tonneau vide, au point d’attirer les regards sur vous, en vous contentant du superflu. Autrement dit : se démarquer des idées et analyses profondes. Elles sont contre productives en matière de politique politicienne. En outre, réfuter toute voie consensuelle, vous renforce dans cette direction. Pour autant, jouer au ‘’dérangeur’’, suffira-il pour faire d’un individu un leader politique?

Qui vivra verra. Peut-être que je vous dirais à l’issue de mon expérience. Mais en attendant, faudra-t-il que je vainque mon indécision, que je vienne à bout de mon scepticisme. J’ai du mal en effet à trouver mes marques sur un champ de bataille où les actions consistent globalement à assener des coups bas. Pas seulement à l’adversaire, mais souvent à l’allié et à l’ami également, et, toujours, à  leur insu.

El Boukhary Mohamed Mouemel

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