Elite épargnée, jeunesse affligée

Elite épargnée, jeunesse affligée

La scène culturelle nationale, peu rayonnante par l’absence d’apports édifiants et convaincants, atteste depuis peu d’un regain d’activités. Mais faut-il le signaler e caractère de cette nouvelle recrudescente manque de peu à être quasiment improductive.

Les activités enregistrées à l’actif de ce regain ont été dans leur ensemble marquées par le sceau d’un plongeon inopiné dans les bas fonds d’une histoire nationale sans grands repères établis, non encore affranchie des interprétations contradictoires et fortement laminée par l’incohérence de ses fondements ainsi que la surenchère de ses « Homère » pétris de légendes rocambolesques.  Et c’est bien en cela que ces manifestations ont amplement justifié ce caractère décevant à l’aune d’un vingt et unième siècle espiègle et dynamique.

Une pléthore de centres dits d’études et recherches scientifiques, ayant pour objet déclaré d’impulser la scène culturelle et de combattre le marasme intellectuel prévalent, ont organisé des conférences tous azimuts. Or ces conférences se sont, dans leur ensemble, hélas, cantonnées à des thèmes répétitifs, fades et stériles, dans une bousculade, où certains ne s’en cachaient même pas,  aux allures d’une concurrence voyante et affligeante s’articulant de façon immuable autour :

  •         Des villes anciennes qui sont brutalement tirées de leur sommeil conservateur chargé d’une histoire apaisée, pour un dénigrement inutile de la part d’historiens prétentieux peu vertueux, de conférenciers en mal de textes et de chercheurs novices et pédants.
  •          De manuscrits, mille et une fois enregistrés sur des microfilms et autres supports savamment gardés par l’UNESCO et plusieurs organismes spécialisés dans l’histoire et la culture, sont mutilés à toute occasion propice ou improvisée qui ne présente aucun intérêt allant de la réhabilitation et ou de la sauvegarde pour ainsi être sauvagement exposés aux incrédules et incultes.
  •         Des mémoires d’érudits - "symboles" d’une certaine époque d’éclosion miraculeuse de la connaissances au beau milieu d’un espace perdu - qui ont réussi à fuir l’aridité de leurs contrées lointaines et désertiques vers les cieux plus cléments de l’Orient - lui même en déclin - sont sans cesse et de manières répétitives remuées pour en faire jaillir les poussières renfermant extraordinairement les restes de leur érudition perpétuée à travers une solide considération acquise au terme de leur long, périlleux, hasardeux mais idyllique voyage.
  •          Des poètes de renom et leur production en strophes, qui auraient dû être laissés bien au chaud dans les esprits fugaces des critiques intègres et des admirateurs comblés, sont inutilement exposés dans les étals désordonnés de conférenciers en mal de délicatesses et de discours fleuves.

Un luxe intellectuel obsolète couteux en termes de temps perdu et de résultats impotents qui n’avancent en rien une jeune génération en prise avec un retard assassin sur les sciences modernes, vecteurs incontournables de leur réel épanouissement intellectuel et du développement fort absent de leur environnement incommodant.

Or, comment peut-on ne pas se rendre à cette évidence qui crève pourtant les yeux  et cautionne de facto et sans faille le niveau intellectuel et culturel patent prévalent?

Le prix de « Chinguitty », une manifestation annuelle qui se définit de par ses objectifs énoncés comme un levier et un créneau de valorisation de l’apport culturel, scientifique et intellectuel, n’a pas encore réussi, malgré la stature dont elle bénéficie depuis sa création il ya plusieurs décennies, à s’affranchir des similitudes d’œuvres ne portant dans leur quasi-totalité que sur des thématiques (plus de 90%)  ne répondant en rien à l’exigence d’insuffler une dynamique scientifique et créative, nécessaire à un pays encore bien loin derrière dans le concert des nations.

L’élite responsable de ce marasme destructeur semble tout bonnement épargnée de toute critique révélatrice de son impotence malheureusement sous-tendue par un narcissisme à tout casser, au même moment où la jeunesse confiée à leurs soins se trouve affligée au plus profond de son esprit abruti et tourmenté.

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