Ecrire sur soi-même, quelle dilemme !

Je viens de lire : « Si l’on veut écrire sur quelqu’un, on doit le faire sous l’angle de sa dignité ». J’approuve entièrement et je m'interroge : Et s’il s’agissait de soi-même ?

Dans ce cas, comment font ceux qui écrivent des autobiographies ? Mettent-ils réellement en avant leur dignité, sachant que « l’homme ne se connait pas » !, comme disent les Arabes (المرء محجوب عن نفسه).

En ce qui me concerne, le doute s’installe gravement quant à mes « souvenirs kakis ». Verront-ils le jour, un jour ? Difficile de répondre par l’affirmatif.
Au stade où en sont les choses actuellement, ils risquent d’être renvoyés aux calendes grecques.  
En effet, « il y aura certainement mieux à faire que de se regarder le nombril », me dis-je sans cesse. C’est vers cette direction que je m’efforce d’aller.

Pour autant, est-elle incompatible avec la mise en relief des expériences personnelles vécues ?

Cela dépendra naturellement du récit de tout un chacun et de la manière dont il conduira la relation de son voyage dans le temps. Le mien est à ses premiers balbutiements. Où me conduira-t-il ? Je ne sais pas.

Dire ou ne pas dire, le choix est incertain.

M’accrocher à mon projet autobiographique ou y renoncer ? En tous cas il peine à avancer, se heurtant à des amalgames de souvenirs enchevêtrés. Parfois amers, parfois doux, leurs écheveaux sont inextricables et difficilement lisibles. Vouloir les partager en pâtit.

Mener le projet en laissant libre cours à ma plume, à mes sensations, à ce qui me traverse l’esprit, est trop risqué. Le conduire autrement est sans grand intérêt.  

Entre les deux, il est quasiment impossible de trouver un juste milieu sans se trahir, trahir ou blesser d’autres, ne serait-ce que par moments.

Quel dilemme !  

Une voix silencieuse me souffle à l’oreille :

- « Il faut y aller, mais sans trop plaire ou déplaire ? ».

Comme si elle me renseignait :

-« Tu es autorisé à trahir et blesser jusqu’à un certain degré ».

J'aurais bien voulu lui demander :

-« Quel est précisément le seuil de tolérance ? »

 Mais c’est inutile : elle est sourde.  

El Boukhary Mohamed Mouemel

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