Des drones ‘made in morocco’ dans le ciel sahélo saharien, pourquoi pas !

Comme pays émergent en Afrique, le royaume chérifien suscite des interrogations quant à son positionnement comme force montante, concurrente des puissances traditionnelles, France, USA, Japon… mais aussi comme partie rivale des puissances nouvelles : Chine, Iran, Turquie… 

Plus spécialement, sur le plan militaire, quelles seraient les possibilités marocaines dans un avenir proche à s’introduire dans le marché des drones, où Turcs et Iraniens réalisent d’importantes percées en Afrique ? Quels seraient les impacts de tout cela sur la Mauritanie et sur la région sahélo saharienne ? S’agira-t-il de facteur de paix, de devéloppement et de stabilité dans la région, ou au contraire, assisterons-nous à plus de rivalités et de risque de conflits armés, notamment entre Marocains et Algériens ?

Je ne crois pas que le Maroc se contentera toujours d’acheter et de déployer des drones israéliens ou américains ou provenant d'autres pays. Le royaume ambitionne sans doute de fabriquer lui-même ses propres engins aéronautiques sans pilote. Cependant, sa discrétion est pour le moment totale sur ses projets dans ce domaine. Mais son poids géopolitique grandissant et ses intérêts militaires et stratégiques laisseraient peu de doute à ce propos.

En effet, les drones constituent aujourd’hui un facteur de puissance régionale et internationale saisissant. Et il n’y a pas de raison que le Maroc s’en prive. La place qu’il projette occuper sur la scène africaine et internationale l’incite à s’y investir.  

Et il ne sera pas le seul. L’Algérie fera tout pour ne pas se faire distancer par cet adversaire, pour ne pas dire son ‘’ennemi de toujours’’, qui a le vent en poupe. Surtout que la crise énergétique mondiale et l’envolée des prix du pétrole et du gaz donnent des atouts financiers comparatifs très importants à Alger. Elle ne manquera pas à en engager une bonne partie dans le bras de fer, géopolitique et militaire, qui l’oppose à Rabat.

Stable et constant, le Maroc, lui, dispose d’un bon niveau de compétence technologique grâce à son intelligentsia académique et scientifique. Sa loyauté et sa compétitivité devraient servir les ambitions et démarches stratégiques et géopolitiques du Royaume.

Jusqu’où iront les deux parties dans leur course à l’armement ? Difficile de répondre.

Les drones présenteraient-ils un nouveau théâtre de leur compétition et de la rivalité géopolitique internationale dans la région sahélo saharienne ? Très probablement.

Et tant mieux, dans la mesure où les drones, par nature, ne constituent pas des armes létales. Ce sont des plateformes de transport à usage multiples, civils comme militaires. La coopération interafricaine est appelée à s’orienter dans la mutualisation de ces engins, en accordant la priorité aux questions de développement. Les efforts prévisibles, marocains comme algériens, ou émanant d’autres acteurs, pourraient y contribuer.

Grâce à ses liens étroits, historiques, géographiques, sociaux… avec les deux pays maghrébins, la Mauritanie devra être parmi les premiers bénéficiaires, pourvu qu’elle sache en tirer profit. Ce qui requiert de notre part beaucoup d’habileté et de tact diplomatique.  

 Toutefois, les soucis militaires risquent de prendre le dessus. Ce qui n’est pas forcément une mauvaise chose dans la mesure où, selon certains stratégistes, l’emploi des drones à des fins militaires comporte une dimension dissuasive, qui empêcherait chacun des belligérants potentiels de prendre l’initiative des hostilités armées. Mais sur ce plan, rien ne garantit le succès des engins aéronautiques ou spatiaux, comme outil de dissuasion. 

La guerre de l’Ukraine est là pour le rappeler. Pour ne citer que ce dernier conflit ‘’mondial’’ où la dissuasion aérienne n’a pas du tout fonctionné. Une défaillance qui s’expliquerait peut-être par le déséquilibre trop important, en matière de troisième dimension, entre les forces armée russes, d’un côté, et ukrainiennes de l’autre. Une explication qui pousse à la course de l'armement et des technologies de pointe, notamment dans le domaine des drones.

El Boukhary Mohamed Mouemel

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