De nouveaux souffles sahariens

Chose promise, chose faite. L’Association des Ecrivains Mauritaniens d’Expression Française tient  son engagement et publie, avec le soutien de la societé minière de Tasiast le deuxième numéro de sa revue semestrielle SoufflesSahariens aux Editions Joussour/Ponts, respectant ainsi la promesse de la périodicité de son organe d’expression.  Ce numéro  se caractérise par la richesse des contributions, la diversité des problématiques littéraires traitées et la profondeur des analyses proposées. Mais ce numéro paraît surtout symboliquement en hommage à l’une des figures de proue de la littérature mauritanienne, l’écrivain et homme de culture, Moussa Diagana, décédé le mardi 16 janvier 2018.

Après l’accueil favorable dont a bénéficié le premier numéro, qui a réveillé quelque peu les consciences endormies et suscité l’espoir pour un réel sursaut culturel et un engouement pour la littérature mauritanienne en particulier, le deuxième numéro consacre l’engagement de tous les membres à la réalisation des objectifs de l’Association. Il s’agit en particulier dans les domaines de la culture et de la littérature d’asseoir les bases d’une critique littéraire à même d’interroger et de rendre compte des spécificités des créations nationales, de servir d’écho à toutes les nouvelles productions et d’offrir même un cadre de diffusion et de promotion à ces dernières. Aussi ce numéro paraît sous les signes de la continuité (continuité dans l’esprit, continuité dans les objectifs et continuité dans la richesse et la diversité des productions), de la diversité (non seulement des sujets traités et des créations proposées que des différents angles d’approche de la chose littéraires) et de l’approfondissement dans le traitement des sujets et thématiques abordées.

Le lecteur y découvrira les rubriques habituelles : Essais critiques, Notes de lectures, Informations littéraires et Créations.

Dans la première rubrique, le spécialiste de la littérature comparée, Mohamed OuldBouleiba, président de l’Association, analyse avec profondeur et dans une perspective comparatiste les influences de la critique occidentale sur la crique littéraire arabe alors que Mamadou Dahmed mène une réflexion sur la problématique de l’oralité, son inscription dans le roman et les propositions théoriques en vue de l’ériger en modèle critique pour les littératures africaines. Dans la même rubrique, le linguistique Dia Alassane évoque les liens entre littérature  et contexte politique en analysant la production romanesque mauritanienne lors des années troubles, alors que Mamadou Kalidou BA, spécialiste de la littérature africaine, s’emploie à  déchiffrer les interférences linguistiques et existentielles dans le second roman de l’écrivain sénégalais Cheikh Hamidou Kane et enfin, MbouhSétaDiagana, le spécialiste de la littérature mauritanienne, entreprend la voie du comparatisme pour dégager les apparentements et les différences entre deux œuvres mauritaniennes : La Légende du Wagadu vue par Siayatabéré de Moussa Diagana et Etle ciel a refusé de pleuvoirdeBeyrouk.

La rubrique, Notes de lectures, propose au lecteur une série d’explications relatives aux notions caractéristiques de la narrativité théorisées par Gérard Genette, Tzvetan Todorov et commentées par Mohamed OuldBouleiba alors qu’Idoumou Mohamed Lemine Abass fait une présentation profonde du roman de BeyroukLe griot de l’émir. La rubrique Informations littéraires fait la part belle à l’hommage adressé à Moussa Diagana. MbouhSétaDiagana dans son témoignagesalue à ce propos l’Homme qu’il fut, le dramaturge qui a donné à la littérature mauritanienne son premier grand prix littéraire. Dans la même rubrique, Mamadou Ould Dahmed présente deux œuvres nouvellement éditées par les Editions Joussour/Ponts. La première est une sorte de fable allégorique de Mélainine Khaled et s’intitule : Divagations d’un chameau ou lorsquedes tribus nomades décident de créer un Etat moderne ; l’autre est un essai de DiouldéNiaye Dieng et porte comme titre : Botaari N’Gari Dutal : Education de type spartiate.

La rubrique Créations partage avec le lecteur une nouvelle à la fois fantastique et symbolique : L’Enfant et l’oasis de l’écrivain Idoumou Mohamed Lemine Abass. L’hommage pour Moussa Diagana s’y poursuit à travers la publication d’une pièce éducative écrite par l’auteur et porte comme titre : Lejour où les enfants sont devenus les parents et les parents les enfants et le dernier poème inédit dédié par le défunt à son fils intitulé : N’oublie pas ton nom Elle donne aussi libre cours à la poésie des ruines, élégiaque et mystique avec Mehdi OuldMoulaye El Hassan, aux poèmes lyriques d’AichettouMintAhmédou et aux lamentations du poète Diack. 

C’est donc un numéro riche en couleurs que le lecteur découvrira.

L’Association des Ecrivains Mauritaniens d’Expression Française saisit cette occasion pour remercier Tasiast dont le soutien financier a permis la publication de ce numéro comme elle l’a fait d’ailleurs pour le premier. Elle remercie également tous ceux qui de près ou de loin ont encouragé cette initiative et permis la réalisation de ce projet, en particulier Les Editions Joussour/Ponts qui prend en charge la réalisation technique de la publication. Nous sommes très fiers qu’un lectorat se constitue autour de cette publication et nous espérons être toujours à la hauteur de ses attentes.

La rédaction

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