S’il y a un domaine qui reflète le chaos, la désorganisation, la gaucherie, l’irrespect, voire l’insolence et bien d’autres qualificatifs encore, il s’agit bien de la circulation à Nouakchott. Un état de fait qui semble ne pas inquiéter nos décideurs publics plus aptes ces jours-ci à tenter de donner une autre image de la capitale à quelques semaines du sommet de la Ligue Arabe. Pourtant, il n’arrive pas un jour sans que des accidents parfois très graves ne se produisent dans les artères de la capitale pour cause le plus souvent de mépris du code la route.
Une promenade au centre de Nouakchott vers les environs de midi peut vous donner une migraine. La circulation se fait dense et chacun y va du sien. Ici on roule et on ne s’arrête que s’il y a un obstacle devant soi. Feu rouge, stop, sens interdit ; rien ne retient les conducteurs. Du coté de la Mosquée saoudienne, chaque jour des embouteillages monstres se font entre 10h et 15h. La faute aux voitures qui viennent en sens interdit sans la moindre gêne. Pourtant des éléments du GGSR, non de loin de là observent ceux là mêmes qui non seulement créent le désordre mais foulent au pied le code la route. Et encore dans cet endroit les voitures sont garées à la mauritanienne, c'est-à-dire dans tous les sens si bien que la route devient tellement étroite, qu’une souris même aurait du mal à se faufiler. Pis ceux là qui empruntent le sens interdit n’affichent pas la moindre gêne ou confusion, au contraire si vous avez le culot de leur faire la remontrance, c’est un baroud d’honneur, agrémenté de piquantes insultes qui vous attendent.
De l’autre coté sur la grande avenue Gemal Abdel Nasser, malgré la présence des feux en plus de quatre agents du GGSR, à chaque rond point ; les « chauffards » finissent par l’emporter. Une fois le rond point bloqué, les artères se bourrent en un clin d’œil. Face à l’empressement, les voitures vont dans tous les sens. Les 3 voies de chaque coté n’étant séparé que par une ligne (désormais) imaginaire, il arrive que les voitures venant d’un coté occupent toute la largeur de l’avenue. Ceux qui viennent en sens contraire rongent leur frein en attendant que les éléments de la sécurité routière, au bord de la rupture, finissent par démêler cet embrouillamini indescriptible. Vous aurez facilement perdu alors 1 heure de temps ; la faute à des gens qui n’ont aucun respect ni pour la chose publique, ni pour les autres chauffeurs et encore moins pour eux-mêmes.
C’est alors que les chocs et collisions déraisonnables se produisent à profusion. Et bien plus tragiques, des accidents graves se soldant par des pertes humaines sont à déplorer. C’est le cas notamment du jeune Dr Souleymane Diop, renversé par un chauffard qui a eu en plus l’outrecuidance de prendre la fuite. Touché à la tête et après avoir perdu beaucoup de sang, ce jeune cadre du ministère de la santé devait décéder 2 jours après.
Dans les hôpitaux, des accidentés souffrants de diverses fractures font légion. Tous victimes d’impotents conducteurs qui pour la moitié des cas prennent la poudre d’escampette.
En fait, dans tous les pays, vous verrez des énergumènes qui ont horreur de la loi et foulent au pied code la route et autres mesures visant à réglementer la circulation. Mais en Mauritanie, le drame c’est que ce ne sont pas seulement quelques égarés qu’on a en face, mais bien plus de la moitié des automobilistes qui n’en font qu’à leurs têtes. Le simple citoyen, le responsable politique, le grand commis d’Etat, l’homme de loi, le taximan ; c’est tout le monde qui est concerné et autant chez les hommes que dans la gente féminine. Il est clair alors que c’est la mentalité mauritanienne qui est en question.
En fait ce qui se passe dans la circulation se reproduit partout ailleurs. Dans les hôpitaux, dans les banques, dans les marchés… C’est toujours l’empressement de se faire servir le premier, quitte à créer le désordre. En fait de trop nombreux Mauritaniens ont horreur de la discipline et de l’ordre. Et c’est ce comportement qui plombe en partie notre développement. Tant que cette mentalité va perdurer, le pays aura du mal à décoller. Regardons du côté de l’Asie du Sud Est, et surtout du Japon, c’est le respect de l’autre, la discipline, l’ordre, la bonne tenue de soi et de son environnement qui sont à la base du succès économique de se pays.
Alors les Mauritaniens feraient bien de s’en inspirer, car les richesses, aussi abondantes soient-elles, n’assurent pas forcément le développement.
Abou Patiss
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